Albert Alberts, Îles. Traduction de Kim Andringa

AlbertsParu en 1952, Îles est le premier livre d’A. Alberts (1911-1996). Cet administrateur aux Indes néerlandaises (Indonésie) s’est appuyé sur son vécu pour écrire les nouvelles qui le composent, d’étranges histoires dont les décors sont des îles aux allures tropicales. Le style bref et direct donne au phrasé un rythme singulier parfaitement rendu en français par Kim Andringa. Rejetant toute psychologie, l’auteur se veut purement descriptif, le caractère des personnages (et d’abord du narrateur) ne se dévoilant que par ce qu’ils font et disent. Dans Vert, le nouvel arrivant souhaite, contre l’avis du chef du village, pénétrer plus avant de la Forêt du Nord. Les jours défilent en un lent tempo seulement rythmé par la visite mensuelle chez un certain Peereboom à deux jours de marche de là ou par la venue de ce dernier. Dans Le roi est mort, il est question de Monsieur Salomon qui vient tous les mois chercher sa pension, plus un petit supplément. Un jour, c’est sa femme qui prend sa place. Peut-on lui faire confiance ?

Au fil de ces récits, il est souvent question de maisons. Celle du grand-père de Taronggi III qui refuse d’exporter du kapok (La maison du grand-père), l’une des trois que possède le roi dans laquelle l’un de ses cousins éloignés et pauvres, Monsieur Zeinal, invite le narrateur à manger (Le repas) ou encore celle qu’a fait construire Monsieur Naman sur un îlot au milieu des marécages, au grand dam du narrateur qui doit aller lui rendre visite (Le marécage).

Toujours, le lecteur à l’impression que, si les personnages dialoguent bien entre eux, ils ne parlent pas la même sous-langue, ils ne se comprennent pas vraiment. Comme s’ils vivaient les uns à côté des autres et non ensemble. Par leur climat, par leur ton, par le mystère qui s’en dégage, ainsi que par la récurrence de certains personnages, ces nouvelles sont subtilement reliées entre elles. Jusqu’à la dernière qui raconte le retour au pays du narrateur, fonctionnaire gouvernemental. Mais il n’est pas sûr de s’en réjouir, le souvenir des îles continuant à l’habiter. (Piranha)

Voir aussi : Albert Alberts, Îles

 

Sorties de presse des ULgistes - automne 2015
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