Ce livre au format carré est présenté comme un «journal apocryphe» divisé en quatre «saisons». Avec, comme uniques points de repères, les mentions de jours et de mois qui viennent scander ce long poème en prose parsemé d’indices temporels (indication de l’automne, du mois de février) ou factuels (un voyage en avion, des images de Montréal, un trajet dans «un coupé de fabrication allemande»). Un poème tout en intériorité, suite de pensées et de réflexions qui tournent abondamment autour des mots, de la parole, de la poésie. Des mots dont il faut de ne pas abuser à force d’en user. «Ça suffit, tous ces mots qui affluent dans la bouche et que la langue expulse, enrobés d’une gaine mielleuse.» Sauf à les détourner, à jouer avec eux, à se confronter à eux. «J’observe les mots ridicules, à la recherche permanente d’un plancher où poser leurs bagages». L’écriture, a fortiori poétique, est une quête permanente du mot juste. Par exemple celui que l’on n’en finit pas de chercher. «Plus j’écris, plus m’envahit la certitude que jamais je ne mettrai la main dessus.» Vis-à-vis duquel on livre un combat permanent. «Un après-midi à attendre trois mots qui ne sont pas venus.» Ou une lutte incessante perdue d’avance. «Ou alors ai-je compris depuis la première lettre du premier mot que tout n’est qu’illusion, profonde autant que la désillusion qui s’ensuit est inévitable.»
La poésie de Pascal Leclercq est souvent imagée. «Qu’on me colle illico les omoplates sur la table, qu’on extirpe de moi ce mauvais monde en gestation, en découpant ma boîte crânienne s’il est besoin.» Plutôt sombre, aussi, sauvée du désespoir absolu par un humour noir, une autocritique acerbe. «Le poème a contracté un chancre, qui l’empêche de résonner cristallin sous la plume – le voici qui s‘écrase au sol, en fruit blet. Il prétend ne pas se mêler à la bouillie qui couvre le sol, mais il ne trompe que lui.» L’iconographie est signée Jac Vitali. (La Dragonne)
Voir aussi : Pascal Leclercq, Hélium
Voir aussi : Pascal Leclercq
Sorties de presse des ULgistes - automne 2015
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