Marie Derley, Les brise-lames

derley«Tout mène à des ailleurs / trop proches ou trop lointains / c’est comme si le soleil / ne tombait pas pareil.» Son nouveau recueil, la poétesse Marie Derley (pseudonyme de Marie Derlet) née à Arlon, qui a passé son enfance en Gaume et vit aujourd’hui dans le Hainaut après avoir étudié à l’ULg, le place d’emblée sous le signe des «ailleurs». La narratrice hante des palais des rois andalous, des temples et palais grecs, un bourg entouré de forêts, ou contemple les brise-lames sur lesquels viennent éclater les vagues et se poser les goélands. Et puis admet que «nous sommes exilés biologiques du néant / jetés sur le chemin, expatriés du rien».

Les brise-lames permet également à son auteure de se dévoiler. «J’aime le prodige des mots quand ils deviennent corps», écrit celle qui a fait de la langue française sa «nation» et «patrie» afin de pouvoir mieux s’ouvrir sur le monde et aimer ces villes et pays «où nous ne sommes pas nés». Car, constate-t-elle, «vrai, les identités ne sont pas meurtrières / ce sont les gens, parfois, qui sont meurtriers». La poésie de Marie Derley est connectée à son moi intime, elle jaillit de son vécu, elle n’est en rien ni abstraite, ni formaliste. C’est ainsi qu’elle révèle des émotions que le lecteur fait siennes. «Le passé ressenti comme un engourdissement / que les pensées ravivent les dimanches de grisaille / comme un ours endormi dans l’hiver froid et blanc.» Qui n’a jamais été traversé par de semblables élans mélancoliques ? Mais ses délicats poèmes sont également autant de paroles offertes à l’autre. À l’être aimé, à l’amie, vivant ou disparu, «à tous ceux, ils ou elles / qui pour nous sont des îles / dont l’affection subtile / nous porte à tire-d’aile». (Éditions Le Houlou)

Voir aussi : Marie Derley

 Sorties de presse des ULgistes - automne 2015
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