Marc Atkins : rencontre aux frontières des genres - Rétrospective

Marc-Atkins-galerie-wittert-Expmnt007xDès le 1er octobre, la Galerie Wittert de l’Université de Liège accueillera une rétrospective consacrée à Marc Atkins, en présence de l’artiste. Cette exposition, qui regroupe photographies, textes et films expérimentaux, est rehaussée d’un catalogue en couleurs contenant des textes de Louis Armand, Paul Buckley, Michel Delville, Sophie Gilmartin, Michael Hrebeniak, John Kinsella, Jock McFadyen, Rod Mengham, Jonathan Monroe, Clive Phillpot, Tadeusz Pióro, Evie Salmon, Nikki Santilli, Iain Sinclair et Martin Solotruk.

Le photographe, poète et vidéaste anglais Marc Atkins (1962-) appartient à cette minorité d’artistes dont les pratiques hybrides n’ont de cesse de brouiller les frontières entre les genres artistiques et les publics. Au-delà de ses nombreuses et souvent improbables collaborations – notamment avec Iain Sinclair, Rod Mengham, Jah Wobble, ou encore David Lynch – l’univers crépusculaire d’Atkins témoigne d’une vision singulière, éloignée des courants dominants de l’art contemporain.

Dans les cercles littéraires autant qu’artistiques au sens large, son nom évoque immanquablement le réseau enfoui de liens et de correspondances qui définissent le patrimoine culturel et architectural de Londres. Cet aspect de son œuvre se reflète, entre autres, dans ses ouvrages réalisés en collaboration avec Iain Sinclair, Lights Out for the Territory (1997) et Liquid City (1999), lesquels lui valent d’être parfois associé à d’autres « psychogéographes » londoniens tels que Michael Moorcock, Peter Ackroyd et Alan Moore.

 

De la photographie au poème en prose

Tout en interagissant avec les héritages complexes du surréalisme et du situationnisme, son œuvre s’est développée dans de nombreuses directions personnelles dont cette rétrospective offre un échantillonnage –  en partie inédit – dépassant les frontières des arts constitués. Ainsi, l’exposition rend compte de la diversité des supports et genres au sein desquels Atkins a déployé les facettes de son imaginaire au cours du dernier quart de siècle. Comme l’indiquent les images et manuscrits exposés, Atkins n’est pas seulement un « poète visuel » mais aussi un écrivain à part entière, auteur d’une œuvre remarquable centrée sur la pratique du poème en prose, ce qui n’est guère surprenant dans la mesure où bon nombre de ses photographies et films expérimentaux sont hantés par « la fréquentation des villes énormes » et nés du « croisement de leurs innombrables rapports », pour citer le Spleen de Paris de Charles Baudelaire, texte-fondateur du genre.

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Atkins03Qu’il s’agisse de portraits, de natures mortes, d’intérieurs, de nus, ou de paysages, Atkins décrit son travail comme une tentative de « rendre manifeste les personnages et éléments occupant l’espace, la pause, le point exact de passage entre différents états d’existence ». Ainsi, l’univers liminal et protéiforme d’Atkins tient autant du préromantisme halluciné d’un William Blake que de toute autre « influence » contemporaine, un de ses talents les plus remarquables étant sa capacité de dire la sensibilité et la lumière de l’instant tout en préservant la part de mystère située dans l’ombre, la profondeur et les bords de l’image. Entre révélation et effacement, Atkins crée un espace de représentation et d’expérimentation qui dérange, bouleverse et interroge notre manière de penser les limites internes et externes de l’art.

 

 

Michel Delville
Septembre 2015

 

À propos de Marc Atkins, lire  : Pro tempore de Marc Atkins par Michel Delville

crayongris2Michel Delville enseigne la littérature anglaise et la littérature comparée à l’Université de Liège, où il dirige le Centre Interdisciplinaire de Poétique Appliquée. Ses ouvrages les plus récents sont consacrés aux relations entre les arts à l'époque contemporaine. Il a codirigé Boucle et répétition. Musique, littérature, arts visuels (Presses universitaires de Liège, 2015)

 


 

 Toutes photos © Marc Atkins, publiées ici avec l'aimable autorisation de l'artiste.
 

Catalogue de l’exposition disponible au prix de 12 €

 Exposition, du 2 octobre au 19 décembre (Galerie Wittert, place du 20-Août à Liège, entrée par la cour centrale)

– le 1er octobre à 18h : vernissage en présence de l’artiste
– 1er décembre à 18h (Salle Wittert) : rencontre et lecture bilingue de poèmes animée par Michel Delville, en présence de l’artiste, de Rod Mengham, Evie Salmon et Tadeusz Pióro

Pour plus d’info : Collections artistiques de l'ULg

Présentation de l'exposition : http://marcatkins.com/Marc-Atkins-galerie-wittert-exhibition.html 

Exposition accessible librement du 2 octobre au 19 décembre, du lundi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 17h ; le samedi de 10h à 13h.