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Lumières : des expos qui vous éclairent

Lumières : des expos qui vous éclairent

De la Maison de la Science au Musée de la Vie Wallonne, des bassins de l’Aquarium-Muséum aux collections des Beaux-Arts, la Cité ardente accueille dès le 21 juin un nouveau projet prometteur : « Lumières, des expos qui vous éclairent ». Fédéré par l’Embarcadère du Savoir, cet ensemble d’expositions et d’événements est marqué en filigrane par le thème de la lumière. Au cours de l’année à venir, de nombreuses institutions liégeoises se pencheront sur le rôle primordial endossé par ce phénomène physique au coeur des activités humaines.

Lumieres

En janvier dernier, l’UNESCO inaugurait « l’Année internationale de la Lumière », lui assignant pour objectif de « sensibiliser les citoyens du monde entier sur l'importance, dans leur vie quotidienne, de la lumière et des technologies qui y sont associées ». Puisant ses origines dans cette actualité, le projet « Lumières, des expos qui vous éclairent » prolonge également la politique menée au cours de la dernière décennie par la Ville de Liège : le « Plan Lumière », qu’elle a adopté en 2005, a en effet redéfini les différents espaces urbains en améliorant l’éclairage public.

Rassemblant plus d’une dizaine d’institutions — issues tant du monde scientifique que culturel —, ce cycle d’événements est initié par l’Embarcadère du Savoir. Ce réseau regroupe plusieurs partenaires liés à l’Université de Liège, et qui accueillent une exposition sur la thématique de la lumière. Outre les organismes de l’Embarcadère, le projet s’est également enrichi de l’apport d’autres acteurs majeurs du tissu culturel liégeois — se transformant ainsi en un véritable lieu de rencontres et de synergies. Qu’elle soit source d’inspiration pour les artistes, composante inévitable de l’optique, ou fondement de la photosynthèse, la lumière constitue donc le fil d’Ariane d’un éventail d’expositions, à découvrir dès la fin du mois de juin.

 

Plongée dans les eaux exotiques

coraux fluoArborant une scénographie flambant neuve, la salle « Requins et récifs coralliens » de l’Aquarium-Muséum se dote d’un nouvel aquarium, dont les couleurs chatoyantes évoquent l’exotisme des lagons tropicaux. Écosystèmes fragiles et complexes, les récifs coralliens abritent une faune et une flore particulièrement riches : aux milliers d’espèces de poissons se joignent une foule de mollusques, crustacés et autres invertébrés. Au cœur de cette profusion biologique, la lumière joue un rôle essentiel — particulièrement au niveau des faibles profondeurs qui caractérisent les lagons. En effet, des algues microscopiques y vivent en symbiose avec plusieurs organismes, dont les coraux : cette association fructueuse garantit aux deux partenaires protection, nutrition et croissance.

Bâtisseurs des récifs, les coraux occupent une place d’honneur dans la rénovation de la salle : au-delà du nouveau bassin, ils déploient leurs dentelles fluorescentes dans deux nano-aquariums fraîchement installés, ainsi que dans l’espace consacré aux requins — célèbres habitués des lagons et des récifs. Au fil des vitrines, la riche collection de l’expédition belge à la Grande Barrière de Corail, en 1967, fait découvrir aux curieux le fonctionnement de ces organismes fascinants, ainsi que les dangers qui pèsent sur leur survie.

 

Des coraux aux insectes…

Au-delà du troublant mystère des eaux tropicales, les murs de l’Aquarium-Muséum abritent également une seconde exposition : conçue par l’insectarium Hexapoda, elle joue sur la fascination millénaire de l’homme pour les animaux, et plus particulièrement les insectes, émettant de la lumière. Phénomène connu de longue date, la bioluminescence n’a pourtant vu son fonctionnement élucidé qu’à la fin du 20e siècle : les travaux du pharmacien français Dubois ont démontré que cette libération de lumière accompagne la décomposition d’un ensemble composé d’une protéine (la luciférine) et d’une enzyme (la luciférase). Utilisée principalement comme outil de communication, la bioluminescence favorise, entre autres, l’intimidation de certains prédateurs ou l’attraction entre mâles et femelles d’une même espèce avant la reproduction. L’exposition fait la part belle aux quelques insectes dotés de cette surprenante caractéristique, appartenant principalement à l’ordre des Coléoptères ;  la famille des Lampyridae en comporte le représentant le plus célèbre, le ver luisant. Cerise sur le gâteau : à côté des individus naturalisés et photographiés, quelques invités vivants — des cafards lumineux d’Amérique du Sud — animent le parcours du visiteur.

cafard cafard-nuit ver

Les cafards luminescents appartiennent au genre néotropical Lucihormetica. Seuls les mâles luisent (photos gauche, de jour, et milieu, de nuit).
À droite : Vers luisant, Lampyris noctiluca

 

… et des insectes aux plantes

plantesCe tour d’horizon du Vivant se complète par l’exposition des Espaces botaniques universitaires, consacrée au rôle de la lumière dans le monde végétal. Quel rôle joue-t-elle dans le métabolisme des plantes, dans leur développement et leur floraison ? Chacun est familier des grandes lignes de la photosynthèse, au cours de laquelle les plantes dites « photoautotrophes » peuvent convertir l’énergie lumineuse en énergie chimique, sous la forme de sucres. S’il noircit les pages de tous les manuels scolaires, ce processus biologique crucial n’est pourtant pas le seul lien qui unit les végétaux à la lumière ; cette dernière est également étroitement liée à leur croissance. Pour illustrer ces interactions, l’Observatoire du Monde des Plantes décline — outre une exposition temporaire et un cycle de cinq conférences — un atelier sur la perception de la lumière par les organismes photosynthétiques. Une occasion pour le visiteur de décortiquer la structure des cellules végétales, d’observer en détail leurs chloroplastes ou encore d’en extraire les pigments !

 

Maison de la ScienceDe Galilée à l’Oculus Rift

Quittant les rives de la biologie, la Maison de la Science nous offre une plongée dans le monde de la physique, plaçant l’optique au cœur de son exposition « Lunettes à gogo ! ». Réflexion, réfraction, lentilles divergentes ou optique ondulatoire : cette obscure terminologie n’aura plus de secret pour le public à l’issue du parcours. Outre une incroyable galerie de lunettes, d’autres spécimens se partagent l’affiche — de la luminette, issue des recherches de l’ULg, aux lunettes anti-somnolence qui préviennent l’endormissement au volant. Mais le clou du spectacle reste la présence inédite de l’Oculus Rift : ce casque de réalité virtuelle, dont l’acquisition a été financée par une campagne de crowdfunding, plonge petits et grands dans un univers imaginaire aux accents étonnamment réalistes. 

luminette

 

Quand le LED succède à l’huile

MMILAvec son parcours City by light, la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie retrace l’histoire de l’éclairage, que ce soit au sein de nos foyers, de la ville ou du paysage industriel. En luttant contre l’angoissante obscurité de la nuit, la lumière endosse un rôle sécuritaire. Si l’évolution de l’éclairage a engendré de multiples modifications dans l’ordre social (contribuant, par exemple, au développement du travail nocturne), elle entraîne également des conséquences négatives, comme la pollution lumineuse ou le gaspillage énergétique. De salle en salle, l’œil découvre, aux côtés des silhouettes familières des ampoules et des lampes électriques, d’antiques lampes à huile ou à pétrole. Autre vestige d’un passé révolu, une partie de l’exposition évoque un boyau de mine, permettant ainsi au visiteur de se glisser dans la peau d’un mineur.

 

C’est dans la boîte !

MVWUne autre facette de la lumière s’épanouit au sein du Musée de la Vie Wallonne : les murs de l’ancien couvent abritent une large collection d’appareils photographiques. Machines, albums et tirages alternent de vitrine en vitrine pour écrire l’histoire, souvent méconnue, de ce médium. Au-delà de cette fenêtre sur le passé, le musée joue la carte de l’actualité avec un concours sur le thème de « la Wallonie en chantier » ; les photographes — amateurs ou professionnels — devront « mettre en exergue les ouvrages d’art en construction, ou la réhabilitation d’anciens sites industriels situés sur le territoire wallon au 21e siècle ».

En outre, le 27 décembre, le musée réserve une expérience originale à ses visiteurs : plongées dans l’obscurité, les collections se laisseront découvrir par l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût !

 

Jeux d’ombre et de lumière

La lumière fait également une incursion remarquée au cœur des collections du BAL, musée des Beaux-Arts. Aux cimaises de la rue Feronstrée se mêlent œuvres classiques et pépites inédites, adoptant comme fil rouge le travail de la lumière par les artistes. Parmi la valse des époques, quelques styles se distinguent : aux jeux de clair-obscur d’un Gérard de Lairesse répondent les reflets fugaces des toiles impressionnistes et luministes — dont le peintre belge Émile Claus est une des plus brillantes incarnations.

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Walter Mac Ewen, L’Absente au Jour des Morts, 1889, Huile sur toile, © Musée des Beaux-Arts de Liège (BAL) 
Vitrail restauré de léon d'Oultres © KIK-IRPA, Bruxelles

La virtuosité chromatique du vitrail

Enfin, dès le mois d’octobre, le Trésor de la cathédrale Saint-Paul accueille une exposition consacrée au vitrail restauré de Léon d’Oultres. Chatoyant joyau niché dans le bras sud du transept, cette verrière déploie une iconographie d’une riche cohérence. À l’image du chanoine Léon d’Oultres — qui a fait don de l’œuvre à l’église en 1530 — présenté par Saint-Lambert, répond l’épisode de la Conversion de Saint-Paul ; le couronnement de la Vierge par la Trinité complète ce chef-d’œuvre du 16e siècle. Considéré comme un des plus beaux vitraux de Wallonie, ses 233 panneaux nécessitaient une profonde restauration ; sa réinstallation s’accompagne de la mise en place de différents panneaux didactiques sur l’histoire et l'impact du vitrail sur la lumière de l'édifice.

 

D’autres initiatives pour étoffer le projet

Quelques-uns de ces lieux, et d’autres encore, se laisseront découvrir au fil de l’année grâce à un ensemble de visites guidées, animées par les historiens de l’art d’Art&fact ; pour les amateurs de ballades au clair de lune, cette association organise aussi une visite nocturne de la ville le samedi 3 octobre.

Au-delà de ces expositions et événements, d’autres partenaires viennent encore compléter l’affiche, dont la future Cité des Métiers — qui devrait ouvrir ses portes en 2017 sur le site du Val Benoît — et l’Œuvre Royale pour Aveugles et Malvoyants « La Lumière », qui accueille le vernissage. Fixé symboliquement au solstice d’été, le 21 juin, le coup d’envoi de « Lumières, des expos qui vous éclairent » s’agrémente de la parution d’un ouvrage collectif — riche synthèse de ce projet polymorphe.

 

Julie Delbouille
Juin 2015

 

crayongris2Julie Delbouille est journaliste indépendante, diplômée en Histoire de l'Art et en Médiation culturelle

 

 

http://www.expolumieres.be


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