Lectures pour l'été 2015 - Poches - Polars et thrillers

BourlandFabrice Bourland, Hollywood Monsters

En 1938, alors que la guerre semble inéluctable, les détectives Singleton et Trelawney s’offrent quelques semaines de repos à Los Angeles. Une nuit, s'étant égarés, ils heurtent un homme-loup. Or ils apprennent que cette même nuit, une femme a été retrouvée assassinée dans un cottage non loin. Une femme à trois seins… Secondé par un journaliste local et par deux nains espiègles, le duo se lance dans une enquête qui le projette dans l’univers des freaks shows dont les attractions sont des monstres humains. Tout en étant confronté à une inquiétante réalité, la stérilisation forcée des gens mal formés ou faibles d’esprit abondamment pratiquée en Californie. Hollywood monsters, sixième enquête des deux amis, est passionnant de bout en bout. Fin connaisseur des films d’horreur américains des années 1930, Fabrice Bourland en cite plusieurs, notamment Freaks de Tod Browning qui, mettant en scène des vrais monstres humains, a terrorisé l’Amérique. Mais son roman est également terrifiant lorsqu’il lève le voile sur des pratiques eugénistes qui seront ensuite appliquées par les nazis. (10/18)

 

TezenasHubert Tézenas, L’or de Quipapá

Le village de Quipapá se situe entre Recife et le Sertao, dans ce Brésil où l’auteur français a vécu une dizaine d’années. Un responsable syndical local est assassiné dans l’appartement qu’il venait de louer, sous les yeux de celui qui s’apprêtait à signer un contrat pas trop légal, mais rentable. Et qui, faisant dès lors office de principal suspect, est incarcéré dans une cellule surpeuplée où est  tiré au sort celui qui, pour faire de la place, va être exécuté. Un journaliste, qui s’intéresse à une famille de grands cultivateurs de canne à sucre, les Carvalho, prend les choses en main, bientôt convaincu de son innocence. Le seul narrateur du roman est le fils Carvalho, peut-être l’assassin. Cet homme, sous la coupe de son père qui l’a obligé à licencier la moitié des employés de la distillerie, exploite avec son demi-frère «la vieille mine de l’Allemand» où les mineurs sont réduits à l’état de quasi esclaves. A fil du roman, nous découvrons un monde profondément inégalitaire, violent, où les puissants propriétaires terriens ont droit de vie et de mort sur des ouvriers qu’ils traitent comme du bétail. (Médaillé Suite)

 

MonfilsNadine Monfils, Mémé goes to Hollywood

Où l’on retrouve Mémé Cornemuse, rencontrée dans le foutraque La vieille qui voulait tuer le bon Dieu. Plus de casse de bijouterie, ici, la vieille dame indigne s’est fixé un autre objectif: rencontrer son idole, Jean-Claude Van Damme, dans la Mecque du cinéma où il tourne un film avec Stallone. Riche des économies de la famille qui l’avait si généreusement adoptée, «le cœur léger et la conscience tranquille», elle prend la route à bord d’une camionnette transformée en fritkot. Au Havre, elle embarque non sans mal sur un ferry qui ne prend pas la direction escomptée. Et en plus, Mémé apprend que JCVD s’est fait kidnapper lors de son séjour en Belgique. Son sang ne fait qu’un tour et la voilà sur la piste de celui qu’elle pense épouser. La plus belge des Montmartroises, auteure des enquêtes du commissaire Léon, signe un polar parodique et déjanté où rien n’est pris au sérieux. (Pocket)

 

LeCorreHervé Le Corre, Après la guerre

Venu de la Série Noire (De sable dans la bouche, Copyright), Hervé Le Corre arrime ses intrigues très noires à un terreau souvent nauséabond, tels la corruption ou le racisme. Dans ce polar, l’auteur des Derniers retranchements mêle deux époques et deux guerres à travers, d’une part, un commissaire de police qui, dans les années 1950, voit resurgir son passé saumâtre de collaborateur du temps où il était inspecteur et, d’autre part, un fils de déporté envoyé combattre en Algérie. Sur fond de rafles et de déportations, d’un côté d’opérations nocturnes où la mort guette derrière le moindre repli de terrain, de l’autre, l’écrivain bordelais dresse ainsi, désillusionné, un parallèle entre les Juifs et les Algériens transformés en objets de haine. Ce constat désenchanté mais non dépourvu d’humanité est porté par une langue sobre, sans effets, presque distanciée qui le rend d’autant plus impitoyable. (Rivages Noir)

 

 

KeplerLars Kepler, Incurables

Sous ce pseudonyme, double hommage à leur compatriote Stieg Larsson (auteur de Millenium) et à l’astronome allemand Kepler, un couple d’auteurs suédois signe de très gros polars traduits dans de nombreuses langues. Après L’Hypnotiseur (Babel Noir), où l’on voit un hypnotiseur tenter de pénétrer dans le subconscient d’un adolescent, et Le Pacte, qui se déroule dans le milieu des marchands d’armes, Incurables permet de retrouver l’inspecteur Joona Linna pour une enquête qui s’aventure une nouvelle fois dans le psychisme humain. Une pensionnaire d’un centre pour jeunes atteints de troubles ou d’addictions divers est retrouvée morte sur son lit, les mains sur les yeux. Dans la pièce voisine, une infirmière a été assassinée à coups de marteau. Une adolescente qui a disparu la même nuit fait figure de principale suspecte. D’abord réduit au rang d’observateur suite à une plainte déposée contre lui, l’inspecteur accepte, contre l’avis de ses collègues, de rencontrer un médium qui affirme avoir des informations à donner. Construit en courts chapitres, passant d’un personnage à un autre, Incurables s’inscrit avec brio dans la lignée de thrillers donnant autant de poids au suspens proprement qu’à la dimension humaine et psychologique de l’intrigue. Trad. Hege Roel-Rousson (Babel Noir)

 

ThieryDanielle Thiéry, Echanges

Vissée à son bureau suite à une blessure qui a failli lui être fatale, la commissaire Edwige Marion, en proie à des hallucinations prévoyant notamment des choses à venir, passe son temps en farfouillant dans des affaires non résolues. L’une d’elles, où il est question d’une disparition d’enfant survenue quelques années auparavant, retient son attention. Un nom ne lui est en effet pas inconnu puisqu’il fut au centre d’un meurtre sur lequel elle a enquêté vingt ans auparavant, lorsqu’elle travaillait à Lyon. Au même moment, un autre enfant disparaît près de Paris et une quatrième affaire non élucidée refait bientôt surface. Bravant sa hiérarchie, la têtue jeune femme reprend discrètement du service. Tout en fréquentant (ou croyant fréquenter) un club échangiste. C’est rudement bien fait, extrêmement intelligent, formidablement documenté. (J’ai Lu)

 

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