Les changements liés à la création du Nouveau-Bavière

Le nouveau complexe hospitalier de Bavière ouvre ses portes en 1895. Il comprend des pavillons isolés mais aucun service spécifique de pédiatrie. Si une salle de 16 lits est dédiée aux enfants, celle-ci se trouve néanmoins au milieu des salles d’adultes situées dans le grand pavillon.

Il faudra attendre l'accès à l’éméritat de Voltaire Masius pour assister à la division de la clinique interne en clinique pour adultes et en clinique pour enfants avec à leur tête les Professeurs Béco et Nolf.

Face au nombre croissant de jeunes malades qui fréquentent la clinique pédiatrique, le Pr Nolf demande dès 1906 la séparation effective des deux services. Sa requête comporte la mise à  disposition d'un laboratoire et d'un auditoire ainsi que plusieurs chambres destinées à l’enseignement mais surtout la création d’un nouveau pavillon réservé uniquement à la pédiatrie, comme pour les autres disciplines.

La «saga» de la construction du nouveau pavillon va alors commencer. Elle durera vingt ans et concentrera tous les efforts des acteurs impliqués dans le projet : Université, Hospices, Ville, Province, État et médecins ou encore chirurgiens infantiles. Même si le conflit mondial qui fait rage quelques années plus tard retarde le chantier, celui-ci aboutira tout de même en décembre 1926.

Le pavillon dans lequel est transféré la médecine infantile comporte 32 lits. La polyclinique se trouve au rez-de-chaussée. Elle comprend une salle d’attente avec des box d’isolement pour recevoir des enfants contagieux, une salle de pesée, une salle de consultation et un petit laboratoire d’analyses courantes. Cette partie abrite la cuisine destinée à la préparation du lait aussi bien pour les nourrissons de la policlinique que pour ceux hospitalisés. Une distribution gratuite de lait a également  lieu pour les parents nécessiteux.

Début des années 30, suite au manque de lits, un deuxième étage d’hospitalisation est construit. 5 à 6 box pour prématurés sont également prévus. Ils sont occupés par 5 enfants en 1927 et 23 l’année suivante.

Après deux ans de fonctionnement, le pavillon de pédiatrie a pleinement tenu ses promesses de faire diminuer le taux de mortalité infantile. Mais le problème des malades infectieuses reste central. Fin des années 30, les trois petits pavillons sont démolis pour faire place à une nouvelle construction de 3 étages, comprenant 101 lits enfants et adultes. Au début des années 50, le premier étage est occupé par les malades atteints de poliomyélite.

Le Pr. Léon Plumier a joué un rôle considérable dans l'évolution des cours théoriques pédiatriques. De 1920 à 1948, il reprend en charge la clinique infantile, la policlinique ainsi que la supervision des stages en pédiatrie devenus obligatoires. Malgré l'enseignement de la clinique pédiatrique depuis 1913, aucun cours théorique de puériculture n'est dispensé. Pour remédier à cette lacune,  il publie en 1938, Six leçons de puériculture faites à l’intention des médecins des consultations de nourrissons.

Après la seconde guerre mondiale et l’instauration de la sécurité sociale, l’hôpital va accueillir tous les patients. Parallèlement, une mutation médicale va aussi avoir lieu – pénicilline, antibiotiques, moyens de perfusion modernes – qui permet une diminution rapide de la mortalité par infection bactérienne et par déshydratation.

Dans les années 50-60, la Pédiatrie de Liège devient le premier centre de réanimation respiratoire de Wallonie avec à sa tête le Pr Geubelle. Grâce à ces avancées, le secteur de la néonatologie se développe avec efficacité même si la structure pavillonnaire de l’hôpital rend sa gestion lourde et onéreuse. En effet, elle est de plus en plus dépassée par l’évolution rapide des techniques médicales. Malgré la mise sur pied d'un service d’urgence pédiatrique, les transformations effectuées s’avèrent vite insuffisantes.

En mai 1984, les services universitaires de la maternité et de la néonatologie sont transférés à l’hôpital de la Citadelle. Le nouveau service de pédiatrie ouvre simultanément. En 1990,  la pédiatrie universitaire et celle de la Citadelle fusionnent pour développer un grand département universitaire de pédiatrie, comprenant Néonatologie, Pédiatrie et Pédopsychiatrie.

Marjorie Ranieri et Arlette Joiris
Juin  2015

Marjorie Ranieri est journaliste indépendante.

Arlette Joiris est historienne diplômée de l'ULg. Elle s'intéresse beaucoup à l'histoire de la médecine à Liège