Tiphaine Rivière, Carnets de thèse

RiviereTrès remarqués au moment de leur sortie, les Carnets de thèse de Tiphaine Rivière transposent en bande dessinée les aventures sorbonnardes d’une jeune doctorante en lettres. L’auteure retrace habilement les différentes étapes de ce parcours, en observant les codes et les rites en vigueur au sein de l’institution. L’euphorie qui marque l’entrée de l’héroïne dans le monde de la recherche cède rapidement la place au découragement face à l’inertie des services administratifs, aux tâches d’enseignement sous-payées (quand elles le sont) et à un insupportable directeur de recherches ― davantage préoccupé par le nombre de thèses sur Kafka qu’il dirige que par la qualité desdits travaux. Certains épisodes, particulièrement bien croqués, rappelleront des souvenirs à ceux qui les ont vécus : l’angoisse précédant le premier colloque et le faux détachement qui suit directement la communication, l’incompréhension de la famille face à un travail qui ne semble pas en être vraiment un, les disputes de couples liées à une situation précaire et éminemment anxiogène… Des carnets satiriques provoquant un rire tantôt franc tantôt jaune, et qu’on lira différemment selon la position qu’on occupe vis-à-vis de l’université ― leur lecture n’est peut-être pas conseillée pour les doctorants de Philosophie et Lettres.

Denis Saint-Amand

 

Tiphaine Rivière, Carnets de thèse, Seuil, 2015, 179 p.
 

<   Précédent   I  Suivant   >

Retour à la liste des Bandes dessinées
Retour au DOSSIER/ Lectures pour l'été 2015