Les fonds patrimoniaux du Réseau des bibliothèques de l’Université de Liège renferment de nombreux ouvrages de médecine transcris ou édités au moyen âge et durant l’ancien régime. Ceux-ci sont des témoins uniques des pratiques médicales en vigueur à ces époques.
Le Moyen âge
Tacuinum Sanitatis (ms 1041)
Ce manuscrit, datant de la seconde moitié du 14e siècle, est une version simplifiée du texte du médecin Ibn Butlan actif à Bagdad au 11e siècle. À travers 170 dessins à la plume, cet ouvrage nous livre des conseils de diététique : la science ou l’art de vivre en santé. On retrouve ainsi les bienfaits des fruits, des légumes, mais aussi du pain, du fromage… Dans cet exemplaire de luxe, le commentaire est réduit au profit des dessins qui décrivent de nombreuses scènes de la vie quotidienne.
f°38 v° : Jonchée est un fromage frais préparé dans une clisse de jonc. Il est utile pour réprimer l’excitation de l’estomac par contre il provoque le dégoût. On conseille donc de le consommer avec du vermicelle sucré, du sel ou de la moutarde et du sel.
F°39r : le folio qui fait face représente la conservation du beurre par cuisson. Le beurre était déconseillé dans l’alimentation car nuissible à l’estomac dont il ramolli les poils. Par contre, il était utilisé comme remède pour soigner les poumons.
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Voir aussi : Opsomer C., L’art de vivre en santé. Images et recettes du moyen âge. Le Tacuinum Sanitatis (manuscrit 1041) de la Bibliothèque de l’Université de Liège, Liège, 1991.
Johannes de Ketham, Fasciculus medicine in quo continentur…
Venise, 1495, 15 octobre (XV B 56)
Jean de Ketham Alemannus ou Jean Kirchheimer (1415-1470) est un médecin qui enseigna à l’université de Vienne. Son ouvrage publié pour la première fois à Venise en 1491 a connu un grand succès et a été utilisé par de nombreux médecins comme en témoigne les annotations dans l’exemplaire conservé à l’Université de Liège. C’est un des premiers ouvrages imprimés qui présente des illustrations anatomiques.
F°2 r° : Un professeur commente à des étudiants l’aspect des urines contenues dans la matula qu’on lui présente. L’examen visuel des urines permetait de déterminer la consistance et la couleur de celles-ci.
F2v° : Cette illustration au verso de la précédente, présente 21 types d’urine en fonction de la nuance de couleur. F° 8 v°et f° 9r : Anatomie de la femme enceinte
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La Renaissance
Hans von Gersdorff, Feldtbůch der Wundartzney, sl nd. (R 225C)
Hans von Gersdorff (1455-1529) est un des chirurgiens allemands les plus connus de la fin du moyen âge. En 1517, il publie pour la première fois son Feldbůch der Wundartzney. Cet ouvrage destiné aux chirurgiens et barbiers est basé sur son expérience de chirurgien et sur les écrits de Guy de Chauliac. Considéré comme un ouvrage de référence pendant de nombreuses années, particulièrement en ce qui concerne les amputations et les trépanations, il a été utilisé par d’autres savants tels que Paracelse ou Walter Ryff.
F°20v°-f°21r : Instruments de trépanation. F°26v°-27r° : Cautérisation d’une plaie
Charles Estienne, De dissectione partium corporis humani libri tres…
Paris, Simon de Colines, 1545. (Res 931D)
Charles Estienne ou Carolus Stephanus est le troisième fils de l’imprimeur parisien Henri Estienne. Il l’est l’auteur d’ouvrages de botanique et de médecine. Il enseigne l’anatomie à Paris de 1544 à 1547 et c’est à cette époque qu’il publie le De dissectione en latin et en français imprimé chez Simon de Colines.
p. 134-135 : Représentation du système circulatoire. p. 236-237 : vue du cerveau
Ambroise Paré, La maniere de traicter les playes faictes tant par hacquebutes, que par fleches…
Paris, Jean de Brie, 1552 (R478A)
Ambroise Paré (1509-1590) est certainement le chirurgien français de la Renaissance le plus célèbre. Chirurgien des rois de France François Ier, Henri II, François II, Charles IX et François III, il s’est rendu célèbre pour les techniques de soin qu’il mit au point sur les champs de bataille. Il démontra par la pratique l’inefficacité de la cautérisation des blessures causées par les armes à feu. Il mit au point un traitement antiseptique qui augmenta le nombre de guérisons et qui présentait également l’avantage d’être moins douleureux. Il inventa également une série d’instruments qui permettaient d’extraire plus facilement les balles. En 1543, il publia ses observations et innovations dans un ouvrage intitulé : Méthode de traicter les playes faictes par harquebuses et aultres bastons à feu et celles qui sont faictes par flèches, dards et semblables. De retour sur les champs de bataille en 1552, il préconisa la ligature des artères à la place des cautérisations lors des amputations. Il fut également l’auteur de la Méthode curative des playes et fractures de la teste humaine, des Livres de la chirurgie avec magasin des instruments nécessaires à celle-ci et d’une Traité de la peste, de la petite vérolle et de la rougeolle où il démontra le caractère contagieux de ces maladies. Contrairement à de nombreux auteurs de l’époque, Ambroise Paré publiait en français rendant ainsi accessible au plus grand nombre ses publications et ses découvertes.
F°21r°-22v° : instruments et méthode pour extraire les flèches ou les lances brisées dans une jambe. F°28 r°-29v° : traitement des fractures.
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Le 17e siècle
Nicolaes Tulp, Nicolai Tulpii observationum medicarum, Amsterdam, 1652. (R1651A)
Immortalisé par Rembrandt en 1632 dans son célèbre tableau La Leçon d’anatomie du docteur Tulp, ce chirurgien et politicien amestellodamois est connu également pour ses Observationes Medicae publiées pour la première fois en 1641 puis en 1652 par Lodewijk Elzevir. Parfois appelé Livre des monstres, ce recueil d’observations et d’études renferme de nombreuses annecdotes concernant la dissection d’animaux ou des cas extraordinaires. Dans cet ouvrage, Tulp décrit pour la première fois la valvule iléo-cæcale, mais aussi le phénomène de la migraine, les ravages causés par le tabac et – sans vraiment le comprendre – l’effet placebo.
Rembrandt, La leçon d’anatomie du docteur Tulp,
1632, La Haye, Mauritsuis.
p. 222 : Valvules de l’intestin p.370 : Hydropisie sur cornes de l’uterus
Philippe Verheyen, Corporis humani anatomia, in qua omnia tam veterum, quam recentiorum anatomicorum inventa methodo novâ & intellectu facillimâ describuntur, ac tabulis æneis repræsentantur, Louvain, 1693. (R3985B)
D’origine modeste, Philippe Verheyen (1648-1711) a dû renoncer à la prêtrise suite à une amputation de la jambe, conséquence d’une maladie infectieuse. Cet événement a marqué son existence. Il entame alors des études de médecine d’abord à Louvain puis à Leyden. À partir de 1683, Verheyen de retour à Louvain y enseigne l’anatomie, la chirurgie et la médecine. En 1689, il est élu Rector Magnificus de l’université. En 1693, il publie pour la première fois son Corporis humani anatomia. Cet ouvrage connaîtra 21 éditions jusqu’en 1739 et restera une référence jusqu’au milieu du 18e siècle. Verheyen laissa également de nombreuses notes décrivant et cherchant à expliquer le phénomène du membre fantôme.
p. 272 : planche présentant l’anatomie de la jambe. On devrait à Verheyen la dénomination du tendon d’Achille (fig 2, Q).
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Govard Bidloo, Anatomia humani corporis, Centum & quinque tabulis, per artificiosiss. G. De Lairesse ad vivum delineatis, demonstrata, Veterum Recentiorumque Inventis explicata plurimisque, hactenus non detectis, illustrata, Amsterdam, 1685. (R 199 E)
Professeur d’anatomie à La Haye (1688-1694) puis à Leyden, Govard Bidloo (1649-1713) est également connu pour ses œuvres poétiques et dramaturgiques.
En 1685, il publie Anatomia Humani Corporis, un traité d’anatomie illustré par une centaine de planches gravées par Abraham Blooteling et Peter van Gunst d'après des dessins de Gérard de Lairesse. À partir de 1695, il devient le médecin personnel de Guillaume III d’Orange-Naseau (1650-1702) stadthouder des Pays-Bas et roi d’Angleterre. L’ouvrage de Bidloo conservé dans les collections de l’Université de Liège est un exemplaire de présent au roi Guillaume III.
Planche 27 : musculature du dos - Planche 67 : muscles de l’avant-bras.
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Jean-François Bresmal, Parallele des eaux minerales actuellement chaudes et actuellement froides du Diocese et Pays de Liege, divisé en deux parties, avec un avis au public pour le preserver de la peste, des fiévres pestilencielles & malignes, & d'autres maladies de pareille nature, Liège, 1721 (R2195A)
Jean-François Bresmal, médecin et chimiste probablement né à Tongres, est un des fondateurs du collège des médecins de Liège. Il est l’auteur d’ouvrages concernant les sources minérales de Liège et des régions avoisinantes et leur propriétés médicinales.
Description des vêtements de médécin pour soigner les pestiférés
Livre de remèdes (ms 2110 - 2113)
Les livres de remèdes sont de précieux témoignages des connaissances médicales et de la manière dont on pratiquait la médecine au quotidien. Il s’agit souvent de compilation de recettes déjà elles-mêmes recopiées d’autres réceptaires ou de la transcription d’une tradition. Même au 18e siècle, ces recueils associent encore des recettes de véritables remèdes, des recettes diverses (pour la fabrication d’encre, de boissons diverses) et des recettes plus fantaisistes dont l’efficacité doit encore être démontrées.
Tablette pectorale de Monsr Spitlaij, supplément manuscrit à la Pharmacopoea Leodiensis… pubiée chez Everad Kints en 1741, ms 2110, f°121.
Notes concernant le Fenouil et différents remèdes contre la fièvre. Dom Sigisbert Huberty, Recueil de remèdes familiars pour toutes sortes de maladies et incommodites tirees de divers autheurs, couchés par alphabet pour plus grande facilite du lecteur et plus a la main, ms 2113, f° 20 r°.
Pour en voir plus, n’hésitez pas à consulter la page : Le corps humain sous toutes les coutures (ouvrages numérisés entièrement ou planches extraites)
Cécile Oger et Stéphanie Simon
Mai 2015
Cécile Oger est conservatrice des fonds anciens du Réseau des Bibliothèques de l'ULg. Ses principales recherches portent sur l'analyse technologique des peintures anciennes.
Stéphanie Simon est responsable des projets de numérisation au sein du Réseau des Bibliothèques de l'ULg. Ces projets concernent essentiellement les collections anciennes conservées dans les différentes bibliothèques de l'ULg.