C’est non sans humour qu’en créant sa maison d’édition (qu’il a ensuite quittée tout en lui laissant son nom), Luc Pire a regroupé sa production romanesque sous l’intitulé oh combien péjoratif de «Romans de gare». Titre générique qui recouvre une collection, Kill and read, dévolue au genre policier et ouverte aux auteurs belges invités à situer leurs intrigues en Belgique. Avec Le gardien d’Ansembourg, son premier roman (mais quatrième  livre après trois excellents recueils de nouvelles chez Quadrature), la Liégeoise Agnès Dumont y succède Jean-Baptiste Baronian, Isabelle Bary, Véronique Biefnot ou Jacques Mercier. Le gardien du titre, c’est Remy, surveillé de près par le zélé directeur, Joseph Piron, personnage inflexible qui lui a fait retirer son anneau à l’oreille. Ses journées sont heureusement ensoleillées par Cindy, sa délicieuse collègue, «un ange presque» malheureusement entichée d’un certain Freddy. Ca gamberge sec dans sa tête, et il n’est pas certain d’avoir eu raison de quitter le Vietnam, et sa compagne, pour retrouver Liège où, vingt ans auparavant, il a commis un cambriolage. Il est revenu pour sa grand-mère Hortense dont il occupe son appartement encombré de bric-à-brac depuis que, perdant lentement la boule, elle a été placée dans un home, le bien nommé Les Heures douces où il lui rend régulièrement visite. Il commence à d’autant plus regretter le voyage lorsqu’un matin, la porte des toilettes du musée se voit ornée du cadavre d’un chat, la gorge transpercée d’une flèche. Et si c’est lui qui était visé ? Et lorsqu’il découvre, dans les cartons de son aïeule, une coupure de presse relatant «son» affaire, ses doutes prennent la teinte d’une certitude : quelqu’un l’a dénoncé. Agnès Dumont signe un agréable suspense au dénouement surprenant, qui est aussi une balade dans certains quartiers de la Cité radieuse.

Sorties de presse de nos anciens - printemps 2015
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