Line Alexandre, Jeanne derrière la porte

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lineAlexandreWeyrich, où paraît Jeanne derrière la porte, est le troisième éditeur – toujours belge – de Line Alexandre, après Le Grand Miroir/Luc Pire (Pratiques de la mort) et Luce Wilquin (Mère de l’année et Ça ressemble à l’amour). Julien est dans le coma suite à un grave accident de voiture. Si, physiquement, il est incapable de donner le moindre signe de vie, intérieurement, tout fonctionne très bien. Il reconnaît, et entend, celles qui se succèdent à son chevet: sa jeune sœur Catherine, «pot-de-colle» qu’il a toujours dû protéger, sa fille, Jeanne, infirmière dans l’hôpital où il est hospitalisé et avec qui le courant n’est jamais vraiment passé, et sa seconde compagne, Maria. Et il voyage en toute liberté dans son passé, faisant revivre ses disparus. Pas tant son père, mort dans une mine au début de la guerre 40-45 alors qu’il était encore enfant, que «Maman» qui «ne lui a jamais fait faux bond sauf quand elle-même a dû lâcher la vie». Et Blanche, épousée sans amour, signant «pour quelque chose dont il ne voulait pas» contre l’avis de son beau-père qui a eu le mauvais goût de mourir peu avant le mariage, plombant la cérémonie dominée par le deuil. Blanche a d’ailleurs fini par le quitter, se réfugiant chez sa sœur qui détestait cordialement son beau-frère – qui le lui rendait bien. Dans ce monde dépourvu d’hommes, Julien a grandi sans réel bonheur,  avec l’impression de n’être jamais vraiment sa place. Line Alexandre confirme ici son talent pour dire l’indicible, pour mettre en mots ces émotions enfouies en chacun de nous, sans tomber ni dans l’anecdotique, ni dans la sensiblerie malgré le tragique de la situation et, finalement, de l’existence passée de son narrateur muet.

Line Alexandre, Jeanne derrière la porte (Plumes du coq/Weyrich)

 

Sorties de presse de nos anciens - printemps 2015
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