Jean-Claude Bologne, Une mystique sans Dieu

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bologneÀ dix-sept ans, Jean-Claude Bologne a été la proie d’une expérience intime génératrice d’un profond «désarroi» qu’il a longtemps tenu cachée et dont il témoigne dans ce livre. La lecture des mots «je sens» dans le vers du poème de Mallarmé, Brise marine, «Je sens que les oiseaux sont ivres», a provoqué en lui «une décharge électrique». «Les mots se brouillent, la page disparaît, et avec elle la table, la chaise, la pièce, le monde et moi-même», se souvient-il. La sensation reviendra avec le même poème, au même endroit, avec d’autres poèmes ensuite, puis finira par ne plus se renouveler. Cette expérience dépourvue de dimension religieuse, sa «victime» s’affirmant non croyant, a donné lieu des conférences rassemblées en 1995 dans Le Mystique athée. Dans ce nouveau livre, où abondent de nombreuses citations et références fruits de quarante années de lecture, l’écrivain approfondit son approche en lui donnant une dimension historique, remontant par exemple à la mystique du Moyen Âge ou en s’arrêtant sur une célèbre mystique, Lutgarde. Tout en partant sur la piste d’auteurs qui, eux aussi ont connu pareilles émotions, tels Ionesco, Éric-Emmanuel Schmitt, Georges Bataille ou Rilke. Bologne s’aventure également du côté du Roquentin de La Nausée, du hasard objectif chez Breton ou de l’épisode de la madeleine chez Proust parce que, selon lui, la fiction permet au romancier de parler de choses qu’il n’ose pas aborder directement. Avant de conclure qu’«à une époque où les tensions religieuses s’exacerbent en fondamentalismes plus attachés aux concepts qu’à l’expérience, le mysticisme peut offrir un espoir d’apaisement en fondant le partage sur l’expérience de chacun.»

Jean-Claude Bologne, Une mystique sans Dieu (Albin Michel)
 

Sorties de presse de nos anciens - printemps 2015
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