Daniel Charneux, Bernard Gheur, Armel Job, dans Amour, Amour
L’éditeur Olivier Weyrich a proposé à dix auteurs belges de laisser «exprimer leur créativité, leur imaginaire, leurs souvenirs» à partir de deux vers du Lion amoureux de Jean de la Fontaine: «Amour, amour, quand tu nous tiens, / On peut bien dire: Adieu prudence!», en les citant intégralement ou partiellement. Trois anciens étudiants de l’ULg participent à ce bel album aux côtés de Geneviève Damas, Jean Jauniaux, Françoise Lalande, Eva Kavian, Xavier Deutsch, Dominique Costermans et Nadine Monfils. Chacun d’entre eux a adopté un point de vue très différent : autobiographique pour le premier, historique pour le second et… franchement espiègle pour le troisième – jusqu’à la dernière ligne. Dans Les demoiselles de mes pensées, Bernard Gheur se souvient avec une douce mélancolie comment le garçon timide et réservé de quinze ans et demi qu’il était en 1960 a découvert l’amour – chaste et platonique. Ce fut au contact de sept filles de quinze à dix-sept ans participant à un camp de patro dans la remise attenante à la villa qu’occupait sa famille sur les hauteurs de Spa. Daniel Charneux, de son côté, dans Le Lion des Henanchas, imagine un amour forcément interdit, à la fin des années 1860, entre un chef spahi, Mansour Ben Reski, et Prudence, la fille unique du général français Armand de Montriveau (nom du héros balzacien amoureux de la Duchesse de Langeais), commandant du détachement impérial dans l’Aurès. C’est par un biais détourné, enfin, que le très farceur Armel Job répond à la contrainte dans Le chêne ou l’acajou. Inséparables dans la vie, le propriétaire de la maison de confection et l’épicier d’un village wallon, qui laissent l’un une femme soulagée et une fille non désirée, l’autre une épouse inconsolable, le seront aussi dans la mort puisque leurs deux cercueils sont temporairement réunis dans le même caveau. Il faut attendre la toute fin de la nouvelle pour que surgisse l’amour tel que l’entendait La Fontaine.
Sorties de presse de nos anciens - printemps 2015
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