Coordonné par Michel Dufranne, Bruxelles est, après Paris, Los Angeles, Londres, Rome ou Barcelone, la treizième ville à faire les honneurs de la collection Asphalte Noir. Chacun des livres entend cerner une ville sous ses multiples facettes en offrant la plume à des auteurs issus d’univers différents. Dans ce recueil de très haut niveau où l’on croise Barbara Abel, Patrick Delperdange, Edgar Kosma, Nadine Monfils ou Jean-Luc Cornette, l’ULgiste Katia Lanero Zamora signe une nouvelle flippante à souhait, quasiment parfaite. Comme chaque matin, quelques minutes après 6h et le levé du black-out, Léa quitte Lucas et Liège et prend le train – péniblement tant il y a du monde – vers Bruxelles. Pour pénétrer dans la capitale de l’Europe des Régions, elle se glisse dans la file réservée aux navetteurs en provenance de la Région wallonne, distincte de celle de son homologue flamande, puis présente son passeport et son permis de travail. Le métro la mène ensuite Porte de Namur d’où elle rejoint le Conseil des Logiques de développements stratégiques où elle travaille dans Dédales, un réseau virtuel. Le bâtiment est sous haute protection policière car il jouxte le Quartier libre de Matongué qui, depuis cent jours, lutte pour sa survie contre les projets d’extension de l’espace européen. Or c’est aujourd’hui que les Décideurs doivent prendre leur décision. Léa déteste son supérieur mais elle serre les dents car il lui reste deux dossiers à traiter avant d’obtenir son permis de télétravail et de pouvoir ainsi rester à Liège. L’univers presque totalitaire que met en scène l’auteure, fort et cohérent, met en lumière ces coups de force urbanistiques dont quasiment toutes les grandes villes ont, un jour ou l’autre, été les proies. Et singulièrement Bruxelles, siège de la pieuvre européenne. Au terme de cette journée, Léa est confrontée à un dilemme qui, quel que soit son choix, aura pour elle des conséquences identiques. La décision qu’elle prend manque peut-être de panache, fermant la porte à une fin ouverte, et n’apparaît pas totalement cohérente avec sa personnalité. Dommage.

Sorties de presse de nos anciens - printemps 2015
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