Cette anthologie de près de 300 pages témoigne de la naissance à l’art poétique d’un écrivain liégeois qui sera, quelques années plus tard, successivement couronné par les prix Marcel Thiry, Rossel et triennal de la poésie. Elle regroupe ses trois premiers recueils, Légendaire (1995), Monde jumeau (1996) et Le livre canoë (2001), conçus dès l’origine comme une trilogie. Ainsi que le signale Gérald Purnelle dans sa préface, Serge Delaive a apporté un soin particulier à la réédition de ces «textes fondateurs», désormais tous pourvus d’un titre comme pour en accentuer la «singularité», retouchant certains poèmes, supprimant quelques vers, éliminant des poèmes ou les déplaçant dans un recueil postérieur. Si le personnage de Lunus, «funambule sur la corde des années / jongleur sous la courbe des saisons», apparaît comme un fil rouge reliant les trois volets, qui possède chacun son unité et sa cohérence, ce fil est très discret. Ce «double fantasmé» et «ami impossible» de l’auteur ne surgit en effet que de loin en loin, surtout dans le deuxième livre témoignant de son «monde géographique». Mais le plus souvent, il s’efface derrière un narrateur qui donne aux vers leur vérité profonde. Le volume se referme sur un long texte intitulé «de la littérature» écrit en janvier 1999 dans lequel l’auteur explique son projet littéraire: arriver «brique après brique» au suicide de son père avec l’arme appartenant à l’un de ses patients mort quelques années après lui. Un travail jugé par lui non abouti, tournant autour de cet homme «comme on danse un danse macabre», sans jamais parvenir à l’atteindre.

Sorties de presse de nos anciens - printemps 2015
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