La musique dans l'Amérique coloniale et dans l'Amérique indépendante

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Même si les codes noirs jugulèrent fortement l’accès des esclaves noirs à toutes les formes de musique dans l’Amérique coloniale, puis dans l’Amérique indépendante, et ce jusqu’à la fin de la Guerre de Sécession en 1865, il y eut quand même une maturation lente de styles religieux et de styles profanes propres à la population noire. Avec des différences entre un Nord plus industriel et anti-esclavagiste et un Sud rural où l’esclavage et le travail servile semblaient incontournables. C’est dans les églises et au travail dans les champs que le chant fut à l’honneur et les Africains Américains ne s’en sont pas privés. Les conséquences en ont été incalculables.

 

La musique dans l'Amérique coloniale  (c.1600-1775)

Dès le début de la colonisation, les huit colonies anglaises du Nord (Massachussetts, Connecticut, New York, New Hampshire, Rhode Island, New Jersey, Pennsylvanie, Delaware) se différencièrent des 5 colonies du Sud (Maryland, Virginie, Caroline du Nord et du Sud, Géorgie) et les divergences allèrent en croissant, le Nord devenant de plus en plus industriel et opposé à l’esclavage, le Sud étant de plus en plus agraire, rural et esclavagiste. Ces 13 colonies des origines pratiquaient la religion protestante. Rappelons en passant que la Floride espagnole et la Louisiane, tantôt française tantôt espagnole, étaient catholiques.

Au Nord, l’expansion vers l’Ouest fut lente, systématique et les besoins en main-d’œuvre servile furent faibles. Il y eut au maximum 10% d’Africains (il fallait y ajouter les Gens Libres de Couleur qui étaient des serviteurs non-esclaves avec leurs familles) pour 90% d’Européens. Les Codes Noirs – qui énuméraient les interdictions auxquelles ces esclaves étaient soumis–  étaient modérés et  ces esclaves étaient traités, en général, sous un régime de paternalisme éclairé, il n’y eut quasiment pas de révoltes d’esclaves.

Dans le Sud, ce fut l’inverse, il y eut jusqu’à 90 % d’esclaves et 10% de colons, les Codes Noirs étaient très coercitifs (interdiction des instruments de musique, des tambours en particulier) et le régime était dur et autoritaire. Il y eut des révoltes sauvagement réprimées comme celle de Nat Turner.

 

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Slavery and the making of America(Youtube)
Slave auctions 
(Youtube)
Slave trade documentary
(Youtube)
     
 
Sur le plan musical, les aptitudes vocales des esclaves furent encouragées sur tout le territoire.

Au Nord, les esclaves et les Gens Libres de Couleur furent admis dans les églises et chantèrent des psaumes (17e s.) puis des hymnes (18e s.) . Sur chantiers ils chantèrent des work songs. Les fêtes d’esclaves furent nombreuses (Election Day, Pinkster Day, Jubilees, Noel, Nouvel An, Pâques...).

Dans le Sud , les esclaves des champs développèrent une tradition de work songs, de ring games, de hollers et de (ar)hoolies, dérivés des mélopées africaines et qui furent les précurseurs du blues.

 

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Songs from slavery
(Youtube)
Work songs
(Youtube)

 

Les esclaves du Sud ne furent admis dans les églises que vers 1750. Parmi les esclaves de maison, certains eurent accès aux instruments de la famille (violon, clavecin…). Il n’y eut pas de fêtes de masse, sauf à La Nouvelle Orléans sur Congo Square, théâtre de bacchanales avec danses érotiques et musique accompagnée de tambours, percussions, trompes… Les catholiques étaient moins rigides et coincés que les protestants.

Les Africains du Nouveau Monde n’eurent guère accès aux musiques instrumentales et militaires (marches avec fifres, tambours, trompettes…) sauf pendant la Guerre d’Indépendance. Pas d’accès non plus à la musique de danse avec violon dans les tavernes,  à la musique de concert et de bal ou aux fêtes musicales des colons ni aux Conservatoires de musique, avec des exceptions ponctuelles dans le Nord. Toutefois, comme signalé ci-dessus, dans nombre de plantations du Sud, des musiciens noirs triés sur le volet  développèrent ce que l’on appelle les chants de plantation (basés sur des airs à la mode en Europe) donnant lieu à des concours de danse, parmi une sélection d’esclaves dociles…et agiles, dont le premier prix était une part de gâteau, c’étaient les Cake walks,  lesquels, dans la 2e moitié du 19e s. furent transcrits pour piano et furent à l’origine du Ragtime lui-même précurseur important du  Jazz.

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