La musique dans l'Amérique coloniale et dans l'Amérique indépendante

La musique dans l'Amérique indépendante (c.1775 - 1900)    

La société civile entre 1775 et 1865

uncletomscabinLes dissensions entre un Nord industriel et un Sud  agricole allèrent en s’aggravant et un mépris réciproque s’installa. Pour les Nordistes, les Sudistes étaient des dilettantes paresseux qui s’enrichissaient en faisant travailler des gens qu’il ne payaient pas, ils étaient cruels avec leurs esclaves,  ils ne pensaient qu’aux fêtes somptueuses qu’ils organisaient  pour marier leur(s) fils et fille(s) et ils se piquaient de culture, prenant des airs supérieurs de grands penseurs et d’intellectuels cultivés, férus de littérature, de musique, de théâtre, d’opéra, de beaux-arts…Pour les autres, les gens du Nord étaient des besogneux, bourreaux de travail et des rustres sans culture, sans éducation qui, en plus, voulaient la fin de l’esclavage.                                                 

Que de clichés  et d’a priori partiellement fondés !  Bref, les éléments de la Guerre de Sécession étaient en place et il suffira d’une étincelle pour tout embraser.

Au Nord, en effet, les mouvements abolitionnistes se développèrent allégrement. En 1807, le Congrès américain vota une loi déclarant la Traite des Noirs illégale. Cette loi resta lettre morte dans le Sud à  la grande colère des Nordistes. La Traite s’y poursuivit jusqu’ au début même de la Guerre de Sécession.

En 1830 , une autre loi affranchit TOUS les esclaves mais ne fut effective qu’au Nord.

En 1833 fut fondée l’American Antislavery Society qui organisa des filières d’évasion d’esclaves vers le Nord et le Canada : C’était le Underground Railroad . En 1851, l’abolitionniste Harriet Beecher-Stowe publia Uncle Tom’s cabin, un livre qui ouvrit les yeux de beaucoup de gens sur la condition misérable des esclaves Africains du Sud, puis des ex-esclaves évadés publièrent livres de souvenirs et pamphlets, articles de journaux et chansons, ils donnèrent des conférences…Toutes ces activités firent bouger les choses et, même si l’Émancipation des esclaves ne fut qu’une des multiples raisons qui conduisirent à la Guerre Civile, il n’en reste pas moins que l’esclavage fut un moteur.

Entre 1865 et 1900

La fin de la Guerre entraîna l’émancipation de tous les esclaves mais libres, ils se retrouvèrent aussi sans travail, pour la plupart, et beaucoup inaugurèrent une longue série de migrations vers le Nord où ils espéraient améliorer leur condition… et où ils furent très mal accueillis, parfois renvoyés là d’où ils venaient.

Dans le Sud, s’instaura une trop courte période dite de la Reconstruction (1865- 1885) pendant laquelle les Africains-Américains jouirent de certains droits (même se présenter aux élections de maires, gouverneurs, sénateurs d’État…) sous la protection des troupes nordistes mais après le départ de celles-ci, tous ces droits furent abolis et l’esclavage fut remplacé par une ségrégétion raciale féroce, avec les lois Jim Crow  (pires que les Codes Noirs), une société où prévalait un apartheid avant le lettre, où il y eut séparation stricte entre les races, avec des lynchages en nombre sous la houlette d’un Ku Klux Klan haineux, revanchard et abject...

prison songsLes terres étant toujours en possession d’Américains blancs sans états d’âme, les cultivateurs noirs entrèrent dans un système de métayage biaisé (le Sharecropping) conçu de façon à ce qu’ils s’endettent d’année en année, sans espoir de s’en sortir et d’élever décemment leur famille. Il fallut attendre les Mouvements pour les droits civiques du Pasteur Martin Luther King dans les années 1960’s pour bloquer cette spirale infernale. De nombreux chefs de famille noirs, endettés, fuirent vers le Nord et les chantiers, abandonnant femmes et enfants livrés à eux-mêmes, pratique qui, hélas, s’est perpétuée au fil du temps et a donné naissance à un matriarcat de fait (la mère seule  pour élever ses enfants est une institution noire US, encore de nos jours). Considérés comme des vagabonds (Tramps, Hoboes) ces candidats à l’exil furent souvent stoppés par des sherifs et policiers locaux ayant pour mission de capturer des travailleurs «gratuits» qui eurent à remplir, pendant des durées plus ou moins longues, des tâches comme la construction de digues, le curage des fossés, la réfection des routes, etc,  parfois avec des boulets et des chaînes aux pieds.  Cela donna lieu à des variantes des work songs, ce seront les Prison songs et les Chain Gang songs (des chaînes aux pieds pour les déliquants et les criminels).

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Les seules échappatoires à la misère étaient :  

– chercher du travail (avec le risque de se faire piéger sur la route par ces policiers véreux et envoyer aux travaux forcés), un travail dans la construction (villes, routes, digues, ponts…), sur un chantier naval, dans les mines (charbon, fer…), dans des camps de bucherons, sur un bateau ou comme docker, etc.

– recevoir une éducation dans les écoles secondaires, les collèges et universités pour Noirs qui poussèrent comme des champignons : Fisk University à Nashville (1866) , Rust College dans le Mississippi (1866), Hampton Institute en Virginie (1868), Tuskegee Institute en Alabama (1881)...      

– exploiter des talents musicaux . Accès «facile» à des instruments comme banjo, guitare, harmonica. Accès plus difficile au piano et à des instruments à vent dont regorgeaient les Monts de Piété ( tous les régiments du Sud comme du Nord avaient été démobilisés, les cliques militaires aussi et les instruments s’étaient retrouvés chez les prêteurs sur gage).

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