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André-Joseph Dubois

06 février 2015
André-Joseph Dubois

DuboisDiplômé en philologie romane en 1968, au moment où l’histoire personnelle et l’histoire commune prennent un nouveau tournant, André-Joseph Dubois s’engage dans le métier d’enseignant et, dans ses classes de français, à l’Athénée Saucy, au Lycée de Waha et ensuite à l’ECCSA, initie  trois générations, au moins, de jeunes Liégeois à la maîtrise de la langue française ainsi qu’à  la littérature.

En 1981 il publie donc, presque logiquement,  son premier roman, L’œil de la mouche (Paris, Balland, 1981 - réédition Espace Nord 2013), un livre  qui nous raconte  justement  l’histoire d’un fils d’ouvrier qui s’arrache à son milieu social d’origine en adoptant les codes culturels de la classe bourgeoise, notamment  le langage et la littérature. Une thématique qui tient du vécu et qui est comme amplifiée  par la lecture de Pierre Bourdieu, qui parlera plus tard d’« habitus déchiré », un motif romanesque et sociologique qui  fonctionne d’autant mieux qu’il fait écho à l’expérience partagée de ceux qui ont eu la chance – étaient-ils plus nombreux durant les trente glorieuses en Wallonie?  –  de prendre l’ascenseur social. 

celuiquiDans la foulée, ou presque,  sort en 1983, Celui qui aimait le monde (Paris, Balland, 1983), un texte qui rompt avec l’écriture plus classique qui convenait  au propos social du premier roman et expérimente un tour plus « littéraire », en tout cas plus  baroque.

oeilSi ces deux romans ont été publiés à Paris, c’est bien entendu que l’auteur a d’emblée dépassé  le cadre du régionalisme pour donner à ces récits une portée universelle. Mais cela ne veut pas dire qu’ils n’aient pas participé à l’émergence d’une réflexion sur la Wallonie. Et le fait que l’auteur  signe la Manifeste pour la culture wallonne en 1983, montre que ce que les architectes désignent par « régionalisme critique » peut également avoir du sens en littérature.

Après ce succès évident, les critiques en attestent, André-Joseph Dubois se tait pourtant durant 30 ans. Comme s’il avait fugué. Pour faire parler ceux qui n’ont rien à dire ? ça pourrait se plaider.

En tout cas il n’a pas disparu. Il continue à faire son métier dans l’Enseignement communal de la Ville de Liège  notamment à  l’Académie royale des Beaux-Arts où il donne des cours de dramaturgie et enfin, pour clôturer sa carrière, comme  assistant pédagogique au  département des Langues et littératures françaises et romanes, une sorte de retour aux sources pour un romaniste de l’ULg. Sur ce terrain professionnel, il prendra sa retraite en 2011.

anneesplastiques sexeoppose mamereÀ partir de cette date, il reprend le fil de sa carrière littéraire, comme si de rien n’était,  et revient sur la scène en 2011 avec Les années plastiques (Neufchâteau, Weyrich, coll. Plumes du coq,) et publie, coup sur coup, Le Sexe opposé (id., 2013)  et Ma Mère, par exemple (id. 2014), pour lequel il est nominé parmi les finalistes du prix Rossel.

La diversité de ces trois derniers romans, semble montrer que cet écrivain né à Liège en 1946 a désormais les mains plus libres que jamais.  

Stéphane Dawans

 

 

 

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