L'étoile des rois

Un événement planétaire

Reste donc la solution favorite des astronomes : l’événement planétaire. Il faut dire qu’à l’œil nu, étoile et planète se ressemblent – ce n’est qu’un petit point brillant dans les deux cas ! – et que l’astrologie mésopotamienne se base sur les mouvements des planètes.

Dans ce cadre, il faut mentionner le passage de certaines planètes par des « points stationnaires » : elles ne bougent quasi plus par rapport aux étoiles, semblant donc s’arrêter, ce qui justifierait le texte de Matthieu… sauf que ce sont des événements récurrents, ce que savaient bien les mages mésopotamiens de cette époque ! Rien d’extraordinaire, donc : cet événement parfait se révèle donc être une impasse.

copernican-move
Trajets de la Terre et d’une planète plus éloignée (comme Mars) : la Terre, plus rapide, rattrape la planète lointaine, qui semble alors changer de direction (rétrogradation) avant de reprendre son trajet normal. Les points stationnaires sont les endroits où se produisent les changements de direction. Ce genre d’événement ne se produit qu’aux environs des oppositions, càd quand le Soleil, la Terre et l’autre planète sont alignés.
Source : http://www.lasalle.edu/~smithsc/Astronomy/images/copernican-move.gif


 

Autres hypothèses

uranus-KeckIl existe heureusement d’autres possibilités, mais elles impliquent deux planètes, alors que le texte de Matthieu parle d’un seul astre… Certains ont ainsi proposé une observation d’Uranus : la planète se trouvait près de Saturne en 9 avant notre ère, et près de Vénus en 6 avant notre ère. Une solution élégante, certes, mais peu évidente. Découverte officiellement au 18e siècle avec un télescope, Uranus est de temps à autre visible à l’œil nu : Galilée l’aurait d’ailleurs observée, ainsi qu’Hipparque… sans toutefois se rendre compte de ce qu’ils voyaient. Néanmoins, son éclat est minimal, et il serait extraordinaire qu’elle ait non seulement été repérée mais en plus identifiée comme planète et interprétée comme l’avènement d’un « grand roi des Juifs » !



Vue d'Uranus au télescope Keck © Keck
 

venusIl y eut aussi plusieurs passages de planètes, notamment Jupiter, non loin de Régulus, étoile brillante de la constellation du Lion. Jupiter est l’étoile des rois, et le Lion est souvent considéré lui aussi comme signe de royauté ; de plus, il est parfois associé à la Judée. Parmi ces événements, les plus remarquables sont les conjonctions, dans le Lion donc, entre Vénus et Jupiter, càd que ces deux planètes sont apparues près l’une de l’autre (et même très près en juin de l’an 2 avant notre ère). Là, impossible de rater l’événement : Vénus et Jupiter sont les astres les plus brillants du ciel, après le Soleil et la Lune ! Bref, le message semble cette fois assez clair mais par contre, tout cela s’est produit entre 2 et 3 avant notre ère et l’on pense que Jésus est né avant la mort d’Hérode, qui eut très probablement lieu en 4 avant notre ère. Caramba, encore raté !

Figure : Conjonctions Vénus/Jupiter/Régulus
Source : www.bogan.ca
 

occultationdejupiterIl existe une autre possibilité. La Lune occulta par deux fois Jupiter (elle le cacha en passant devant, en  d’autres termes) en 6 avant notre ère. Ces astres se trouvaient alors dans la constellation du Bélier, parfois considérée comme associée aux Juifs – on peut donc imaginer une interprétation possible. Par contre, si ce genre d’événement est joli, les astronomes amateurs aimant d’ailleurs les photographier, il est loin d’être exceptionnel et certainement pas très remarquable à l’œil nu. Plus problématique encore, l’observation elle-même était quasi impossible. La première occultation eut lieu le 20 mars, alors que Jupiter, Lune et Soleil se levaient : tout était perdu dans l’aube brillante. La seconde eut lieu le 17 avril vers… midi – encore pire, évidemment, côté luminosité !

 

 

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