Et le garçon ?

Né dans un chou et non pas dans une rose, on le pousse vers la virilité.

Il est là, tout petit, tout rose (erreur de la nature?), quelques heures à peine et déjà une cour autour de lui, le petit prince est né. Tiens, on ne dit pas «le petit chevalier» est né, ces termes ne sont pas encore suffisamment courants pour avoir une connotation à la fois familière et sensée. Lui aussi il faut le couvrir, l'habiller, lui reconnaître une existence, l'inscrire dans une filiation et une généalogie, le normer, le construire. Comme un garçon. La couleur bleue est de rigueur, même si elle partage la place avec d'autres couleurs dont le vert, le rouge et le jean. Le prince (de sa maman, de son papa, etc. ) est entouré, gâté, petit bonhomme avec lequel jouent certains adultes parfois : acheter des vêtements, de quoi l'alimenter, le changer, le couvrir, le promener, le montrer, le photographier, le twitter, le facebooker, l'exhiber. Sans oublier des casquettes, des bonnets, du gel pour des cheveux piquots (sexuation exige), des lunettes de soleil style rayban, majoritairement bleus. De ce corps visiblement asexué, il faut faire un petit garçon qui deviendra homme, un jour... Et qui se trouve très vite confronté au jeu du miroir, perdu dans ses regards et ceux des adultes qui en ont la responsabilité. Prince tu nais, prince tu resteras. Parce que les histoires sont comme ça, Le prince sait qu'on l'attend, il a donc tout son temps pour faire autre chose, en attendant, jouer au chevalier par exemple.

L'imagerie des tout-petits lui fait découvrir Les chevaliers, devenir un p'tit héros avec Le chevalier,  voir la vie au château avec La petite imagerie Au temps des Chevaliers, puis celle du chevalier L'imagerie des Chevaliers, apprendre le courage avec les aventures de Guillaume petit chevalier et Le Chevalier qui avait peur du noir, vaincre les méchants comme Le petit chevalier courageux ou tout simplement apprendre à devenir chevalier L'apprenti chevalier: ma première mission, Chevaliers et châteaux forts,  Les chevaliers. Découvrir que les chevaliers ont aussi de l'humour même à leur insu, ainsi Le chevalier qui cherchait ses chaussettes, et Le chevalier Têtenlère ou Jules le chevalier agaçant.

Mais pas question d'amour courtois, de foulard de la belle attaché à l'armure, de rose ou de pièces d'or déposées à ses pieds, le chevalier est avant tout un garçon au milieu des garçons, qui se mesurent entre eux non pour une belle mais pour le costume, le château-fort, le maniement des armes, la guerre, la bataille, la virilité, prouver force et courage et ne pas pleurer.

Au Moyen Âge, les chevaliers n'étaient pas nécessairement des princes, au départ, bien au contraire. Aujourd'hui, le petit garçon est un petit prince qui devient plus tard, plus grand, un chevalier, sans jamais perdre son titre et son statut de prince. N'entend-on pas dire «une fille est la joie de ses parents, un garçon en est la fierté». Un chevalier chevauche un destrier, porte une épée, un sabre, une lance, un bouclier, une cotte de mailles, un blason, un plastron, un heaume, une armure, tout un harnachement, simplifié et allégé alors même qu'il devient un jeu, combats souvent symbolisés par des petits soldats de plastique, jusqu'à la création des jeux de rôles, des fêtes médiévales, des films qui se passent au Moyen Âge ou l'évoquent (par exemple, Arn chevalier du temple, Le dernier des templiers, Le roi Arthur) et des nombreux jeux video qui les y plongeront. Les petits garçons se déguisent en chevalier pour le carnaval ; tout petits, certains rêvent du jeune Arthur et sa grande épée dans Merlin l'Enchanteur de Disney, endormis par Les histoires de chevaliers à lire avec mon petit garçon, Histoires de chevaliers,  3 Histoires de chevaliers,  inspirés par Chevaliers et châteaux-forts¹¹; et plus grands, des chevaliers de La Table Ronde et du Roi Arthur.

Mais avant d'être «un grand», le long travail de la familialisation et de l'éducation commence. Développer le cerveau du futur chevalier sur un tapis dinosaure vert, stimuler les petites mains avec un petit chien, multicolore certes, mais rangé dans une boîte bleue, apprendre à s'asseoir dans un «siège cosy adapté à la morphologie de l'enfant» vert et bleu. S'endormir en douceur sous une voûte lumineuse projetée par «une veilleuse arc-en-ciel bleu». Commencer les manipulations sur «une table d'activités avec de nombreuses fonctions électroniques et mécaniques» dont les pieds sont bleus. Découvrir la station debout, la marche et la mobilité avec un trotteur et un porteur bleu ou rouge Cars ; appréhender «la relation de cause à effet» avec l'aero'balles elefun bleu¹². Conduire des voitures téléguidées, des motos, bleues, rouges et noires. Tout ceci avant même ses 3 ans. Pour dessiner, des crayons de préférence verts, bleus, noirs et rouges, et des livres distingués par la couleur, bleu, et gendrés par le contenu,  couvertures bleues, titre sexué et modèles de dragons, pompiers et sports, etc. comme¹³ le J'apprends à dessiner chevaliers et châteaux forts suivi du J'apprends à dessiner spécial garçons en 2012, Habille... les Chevaliers, Chevaliers et châteaux.