Adolphe Sax, entre gloire et adversité

Adolphe-Sax-portraitLorsqu’on évoque le nom d’Adolphe Sax, on pense d’emblée au saxophone. Pourtant, il ne s’agit pas là de la seule invention de cet homme d’exception. Nombreux sont ainsi les compositeurs qui considèrent que Sax est l’homme qui a sorti la facture d’instrument de l’enfance. Retracer son parcours permet de prendre conscience de l’importance du travail accompli par Adolphe Sax ainsi que des difficultés auxquelles celui-ci a dû faire face pour finalement jouir de la gloire qu’on lui connaît aujourd’hui.

Adolphe Sax naît à Dinant le 6 novembre 1814 alors que les Français ont été chassés du département de l’Entre-Sambre-et-Meuse depuis quelques mois seulement. Il échappe ainsi de peu à la citoyenneté française. Adolphe, qui se prénomme en réalité Antoine-Joseph, est l’aîné de onze enfants dont seuls quatre survivent. Lui-même manque la mort de peu à plusieurs reprises – il fait une chute du troisième étage, subit des brûlures et est empoisonné par des instruments mis à sécher dans sa chambre –, ce qui lui vaut le surnom de « revenant ».

Le jeune Sax découvre la facture d’instruments auprès de son père, Charles-Joseph Sax, dont l’atelier va de bon train. En 1815, Charles-Joseph est nommé facteur de la cour par Guillaume 1er d’Orange. En 1833, lors du troisième anniversaire de l’Indépendance, les musiques militaires défilent dans les rues de Bruxelles avec des instruments de Charles-Joseph Sax. Au plus haut de sa gloire, son atelier emploie 250 ouvriers, un nombre que l’atelier de son fils n’atteindra jamais. Suivant le chemin de son père, Adolphe présente ses premiers instruments à l’Exposition Internationale de Bruxelles à l’âge de seize ans. Il s’agit de flûtes et de clarinettes en ivoire.

Adolphe Sax connaît son premier succès en 1838, année lors de laquelle il fait breveter une clarinette basse. Grâce à la loi des proportions, il a pu déterminer avec précision l’endroit de perce des trous pour remédier à l’inégalité du timbre et aux problèmes de justesse. Par ailleurs, le doigté a été simplifié grâce au système de clefs. Mais lorsque l’instrument est présenté à la Grande Harmonie Royale de Bruxelles, le clarinettiste solo, Bachmann, refuse d’en jouer. Sax lui lance alors un défi, une arme qu’il brandira à plusieurs reprises lors de sa carrière. Chacun jouera de son instrument et le public sera juge. Le triomphe réservé à Sax déchaîne la colère de Bachmann qui fabrique lui-même des clarinettes et voit ainsi son commencer mis en danger.

En 1840, Sax expose pour la première fois son travail indépendamment de son père. Le jury lui accorde alors un second prix, une médaille de vermeil, considérant qu’il est trop jeune pour recevoir la médaille d’or. Relégué au rang de Bachmann, Sax est touché dans son orgueil. Il refuse la distinction sous prétexte que, s’il est trop jeune pour la médaille d’or, il se trouve trop vieux pour celle de vermeil. Il n’est pas étonnant que quelques mois après cet incident, l’inventeur quitte Bruxelles pour Paris.

 

Sax à Paris, les débuts d’une carrière

Lorsqu’il arrive à Paris, Sax n’a que quelques francs en poche. Rapidement, il se met donc en quête de personnes pouvant le soutenir. En 1842, il fait la connaissance de Hector Berlioz qui publie, le lendemain de leur rencontre, un article dans Le journal des débats :

« M. Adolphe Sax, de Bruxelles, aura sans doute puissamment contribué à la révolution qui se prépare dans la fabrication des instruments à vent. C’est un homme d’un esprit pénétrant, lucide, obstiné, d’une persévérance à toute épreuve, d’une grande adresse, toujours prêt à remplacer, dans leur spécialité, les ouvriers incapables de comprendre et de réaliser ses plans ; à la fois calculateur, acousticien, et au besoin fondeur, tourneur et ciseleur. Il sait penser et agir : il invente et exécute. »
Hector Berlioz, Journal des débats, 12 juin 1842

De nombreuses personnes se montrent alors prêtes à s’associer à Sax. Ne songeant qu’à sa propre gloire, celui-ci refuse toutes les propositions. Il se fait ainsi les premiers ennemis d’une liste qui ne cessera de s’allonger.

Atelier intérieur Sax

 

 

 

 

 

 

 

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