Haruki Murakami, L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage

 

色彩を持たない人はいない。痛みを伴わない人生などない。

多崎つくるは36歳。鉄道駅をデザインするエンジニアである。彼は突然、巡礼の旅に出る。友人に強く勧められて。その友人は女性で、もしかしたら、友情以上の何かがそこにはあるのかもしれない。いや、それとも、なにもないのかもしれない。

彼はまず、少年時代を過ごした名古屋へと旅立つ。そしてフィンランドの首都、ヘルシンキを目指す。16年前に彼を4人の大切な友人たちから致命的なやり方で引き離した、ある「真実」。それを、彼は知らなければならない。知る時が来たのだ。

tsukuruある「事件」をきっかけに、つくるは天涯孤独になった。誰からも愛されず、他人からさげすまれていると感じ、外界との感情的な接触 を一切断つことを選んだ。しかも彼は、その「事件」が何であるかを知らされていなかった。誰のために、何を償うために、あとどのくらいの時間、自分は罰さ れ続けるのか。殉教者のような生活は彼にとって非常に厳しいものだった。生きる目的も達成感もなく、目は窓から差し込む光を嫌い、背筋がぞくっとするよう な感動も、喜びも、そして嫉妬の感情さえも、彼にとってはもう思い出せない感覚となっていったのだ。

自分のことを「色彩がなく、つまらない人間」だと定義している多崎つくる。しかし、彼には唯一落ち着ける瞬間があった。駅にかかわる仕事をしているとき だ。「つくる」という名前が示すように、彼は何かを作り出している。それも、人の役に立つ何かを。地味な仕事だが、つくるは自分の仕事が好きだった。仕事 に集中しているときは平静でいられた。しかし、自分の存在意義について考えたり、欲望について思いを巡らせたりすることは、極力避けていた。

これは巡礼の物語だ。巡礼者が前に進むたび、扉がすこしずつ開いていく、あるいは、巡礼者自身が世界に向かって徐々に自分を開いていく。そんな物語だ。暗闇の中を手探りで、時には這いつくばりながら、混乱した頭をかかえて、彼は進んでいく。

色彩を持たない人はいない。そして、痛みを伴わない人生などない。

手がかりが見えたら、それをしっかりつかまえて、進むほかはない。雪解けの時は、きっと来る。

 

 
 
 
 「色彩を持たない多崎つくると、彼の巡礼の年」村上春樹

Personne n’est incolore. Nulle vie n’est indolore.

murakamiTsukuru Tazaki, 36 ans, ingénieur et dessinateur des gares de chemin de fer, part soudainement en pèlerinage. Sur un conseil d’une amie. Cette dernière pourrait peut-être devenir plus proche qu’une amie. On ne sait jamais. Ou plutôt, on n’en sait rien.

Il part d’abord à Nagoya, sur les traces de sa jeunesse, ensuite à Helsinki, en Finlande, pour retrouver une information qui aurait été enterrée il y a 16 ans, à son insu. C’est très probablement à cause de cette « vérité », jamais dévoilée jusqu’alors, que Tsukuru a été écarté à jamais de ses quatre amis d’enfance, à qui il pensait être lié presque éternellement.

Vivre avec un désespoir, en constatant que personne ne l’aime, est comparable à la vie d’un martyr. D’autant plus que Tsukuru n’a jamais compris ni pourquoi, ni pour qui, ni pour combien de temps il devrait vivre comme un martyr, avancer dans la vie lui est devenu infernal – sans but, sans récompense, sans lumière, sans frisson, sans joie, ni colère et même … sans jalousie

La seule chose qui retenait le jeune homme qui se présumait « incolore », voire « inintéressant »,  était de créer quelque chose. Il dessine les plans des gares.  Même si c'est un peu fastidieux et peu glamour comme métier, sa fonction de concepteur des gares le rassurait, il était confiant dans ses tâches. Plus il gagnait la confiance dans l’univers (aussi petit soit-il) qu’il conçevait, moins il accordait sa confiance en ce qui pourrait être sa raison d’être, son charme, ou encore, son désir.

C’est l’histoire d’un pèlerinage, durant lequel une porte s’ouvre… ou plutôt, le personnage s’ouvre vers le monde. Il avance, à tâtons, dans le noir, à quatre pattes, troublé.

Comme personne n’est incolore ni inintéressant,  nulle vie n’est indolore.

Il ne faut pas qu’il lâche la corde ! Car l’heure du dégel approche…   

 

 

L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Haruki Murakami, roman, 2014, Belfond, trad. fr. Hélène Morita

 

 

Kanako GOTO 後藤加奈子
Novembre 2014