Lectures 2014 - Poches - Documents et témoignages

WiazemskyAnne Wiazemsky, Une année studieuse

Cinq ans après Jeune fille, où elle racontait ses premiers pas au cinéma devant la caméra de Robert Bresson dans Au hasard Balthazar, Anne Wiazemsky revient sur sa rencontre avec Godard qu’elle épouse à vingt ans et avec qui elle tournera sept films. En juin 1966, elle lui écrit son enthousiasme suite à la vision de Masculin Féminin. Le cinéaste phare de la Nouvelle Vague, qui vit seul depuis sa séparation d’avec Anna Karina, tombe jalousement amoureux de sa cadette de dix-sept ans. Son bac en poche, celle-ci s’inscrit en philo à Nanterre sur les conseils de Francis Jeanson qui l’a initiée à cette discipline. Mais c’est avec les pieds de plomb, traversant le bidonville algérien et les chantiers des futurs HLM, qu’elle se rend dans cette université qu’elle trouve «sinistre». Elle croise un roux flamboyant et beau parleur prénommé Dany qui fera parler de lui l’année suivante. Et, bien que coincée entre des étudiants qui dénoncent la guerre au Vietnam et son amoureux qui s’initie au maoïsme pour son prochain film, La Chinoise, où elle tiendra le rôle principal, elle ne se sent pas pour autant pas politisée. (Folio)

 

GrandCorpsMaladeGrand Corps Malade, Patients

Dans cet ouvrage paru fin 2012, le slameur parle pour la première fois des mois qu’il a passés dans un centre de rééducation suite à la fracture d’une vertèbre cervicale provoquée par un plongeon dans une piscine trop peu profonde en juillet 1997 – d’où son nom d’artiste. Tétraplégique incomplet, pouvant bouger quelques parties de son corps, il dément les médecins qui ont annoncé à ses parents qu’il ne remarchera plus. Ce livre est une succession de portraits d’autres patients et du personnel soignant, d’anecdotes, de moments drôles ou graves, voire surréalistes, qui forment un monde en soi, Grand Corps Malade y raconte ce qu’est le manque d’autonomie. Comment on vit au quotidien quand on est obligé de se faire assister pour les gestes les plus simples - manger, s’habiller, se laver, aller aux toilettes –, par quelqu’un qu’on ne connaissait pas la veille. Cette relation intime, un peu troublante au début, le patient finit par l’accepter. Le centre de rééducation, pour ces jeunes d’une vingtaine d’années qui viennent pour la plupart de quartiers populaires, c’est aussi une ambiance de colo. Ils n’hésitent pas à se chambrer, pratiquant un humour noir qui leur permet de «passer les jours». Et de… «tenir debout». (Points)

 

GuittonRené Guitton, En quête de vérité

En 2001, René Guitton a publié Si nous nous taisons, un premier livre sur l’assassinat des moines trappistes de Tibhirine perpétré en mars 1996 et dont les coupables n’ont jamais été formellement identifiés. L’auteur de Ces chrétiens qu’on assassine (Pocket) reprend toute l’affaire depuis le début dans cet ouvrage paru en 2011 qui constituerait un formidable roman d’espionnage s’il ne parlait d’une réalité aussi tragique. Dénonçant «la conspiration du silence», tant de la France et des familles (sauf une) que de l’Algérie et de l’Eglise, il soulève des questions restées sans réponse. Dans quel but un groupe islamiste a-t-il enlevé ces hommes aimés des habitants de la région qu’ils soignaient? Constituaient-ils un moyen de pression? d’échange? Guitton raconte par le menu le rôle des uns et des autres, les manœuvres secrètes menées par les Français et avortées pour des raisons politiques et dénonce, finalement, l’absence d’enquête sérieuse. Pour lui, la seule façon de connaître la vérité serait d’autopsier les têtes des moines dont les corps n’ont jamais été retrouvés. Les clichés qu’il a fait analyser par des spécialistes présentent un point d’impact qui serait celui d’une balle, ce qui prouve qu’il ne s’agit pas, comme on l’a laissé croire, d’une bavure de l’armée. L’enquête est loin d’être close. (Pocket)

 

MabanckouAlain Mabanckou, Lumières de Pointe-Noire

Après vingt-trois ans d’absence, le romancier congolais vivant en France est revenu à Pointe-Noire, la ville où il a grandi. Même pour la mort de sa mère en 1995, il n’avait pas fait le voyage. C’est son journal du retour, où chaque chapitre est le titre d’un film, qu’il nous livre ici sous la forme d’instantanés. Il retrouve des gens qu’il a connus, des membres de sa famille, va de l’un à l’autre. Il revoit aussi des lieux de son enfance, comme le cinéma aujourd’hui délabré. Il fait revivre Pauline, sa mère qui l’a vu partir avec douleur, Papa Roger, l’homme qui l’a élevé - son vrai père a quitté le foyer peu après sa naissance -, qui avait déjà huit enfants avec sa première femme et qui, réceptionniste dans un grand hôtel, le Victory Palace ramenait des pommes qui, pour l’enfant, avaient un goût de France. Mabanckou plonge aussi dans son passé, livre quelques bribes autobiographiques. Ce livre magnifique qui, d’une certaine façon, prolonge l’autobiographique Demain j’aurais vingt ans, éclaire la personnalité de l’auteur de Mémoire de porc-épic. (Points)

 

GrandsPortraitsLes grands portraits du Monde

Après Les grands reportages et Les grands procès, voici cent portraits de personnalités de tous types qui, à leur niveau, ont marqué leur siècle et qui ont paru dans Le Monde depuis sa fondation au lendemain de la seconde Guerre mondiale. S’y côtoient De Gaulle, Churchill («imprévisible et indiscipliné»), Einstein, Mendes-France, Chirac, Margaret Thatcher, Khomeiny, Perón ou Ronald Reagan, Mais aussi des intellectuels, artistes et écrivains, de Yourcenar à Jim Harrison, en passant par Arletty, Depardieu, Coluche  et bien d’autres. A travers ces figures, ce sont soixante ans d’histoire de France et du monde que cet ouvrage invite à parcourir. (Pocket)

 

WinockMichel Winock, Jeanne et les siens

C’est l’histoire d’une famille française dans la première partie du XXe siècle. Ces souvenirs commencent avec la mort de tuberculose de son père en 1945, un homme qui, par ses mesquineries et ses colères, avait fini par créer un climat étouffant dont chacun cherchait à se libérer. Cet au Bourget, où l’armée l’avait affecté en 1920 dans les chemins de fer de campagne, qu’il avait rencontré Jeanne, serveuse dans une épicerie-buvette. De leur union sont nés six enfants, le dernier, Michel, voyant le jour dix ans après sa sœur la plus proche. Défilent sous la plume de l’historien des figures d’autant plus magnifiques qu’elles sont réelles: Jeanne, bien sûr, obligée de repartir à zéro dans une épicerie d’Arcueil où la jalousie de son mari a contraint la famille à s’installer; Marcel, le frère aîné, lecteur impénitent peut-être promis à un avenir d’écrivain, fauché à un peu plus de 20 ans par la même maladie que son père; ou Pierre, souffre-douleur de Gaston, résistant, qui encouragera son petit frère à faire des études. Et grâce à qui, un demi-siècle plus tard, paraît ce vibrant hommage. (Points)


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