Lectures 2014 - Poches - Documents et témoignages

 

ButorAnnie Butor, Comment voulez-vous que j’oublie…

Annie a cinq ans lorsque sa mère, Madeleine, rencontre Léo Ferré, qui titre le diable par la queue. Le couple aime les animaux et, après deux saint-bernards, adopte un chimpanzé orphelin, Pépée. Le petit animal joueur et turbulent devient bientôt intenable, ses nouveaux propriétaires ayant en «horreur» les mots «pouvoir» et «autorité». Léo, qui connaît enfin le succès au début des années 1960, achète un château en ruine dans le Lot pour que leur «deuxième fille» puisse s’ébattre en toute liberté, en compagnie d’une flopée d’autres animaux. «Pépée avait pris le pouvoir. Elle ne le lâchera plus», constate Annie qui ne cesse de se faire mordre par sa «sœur». Cette histoire d’amour hors-norme va connaître une fin tragique précipitée par deux événements concomitants: la chute de Pépée et une dispute violente juste avant un gala. Léo, jugeant sa femme «invivable», renonce à rentrer. Et Madeleine, meurtrie d’être ainsi abandonnée, sachant l’état du chimpanzé désespéré, le fait abattre ainsi que deux autres animaux, avant d’être hospitalisée suite à une syncope. Elle ne se remettra jamais ni de cette mort, ni de leur rupture. D’autant plus que l’auteur d’Avec le temps se remarie avec la jeune fille espagnole employée chez eux.  (Le Livre de Poche)

 

VirmaitreCharles Virmaître, Portraits pittoresques de Paris 1867-1893

Si l’on veut savoir à quoi ressemblait la capitale française dans la seconde moitié du XXe siècle, on peut se plonger avec profit dans cet ouvrage écrit par observateur de cette époque, Charles Virmaître. A la demande de Napoléon III, le baron Haussmann transfigure la ville. Des quartiers sont rasés, des nouvelles artères trouées, des hauts immeubles construits. L’auteur prend note de ces bouleversements en s’attachant à certains quartiers. Mais c’est loin d’être tout: il parle aussi des cafés, dont il raconte l’histoire (le Procope fut, par exemple, le premier café établi à Paris en 1684),  des théâtres, des petits métiers ainsi que des «curiosités macabres» (tel le banquet des croque-morts). Les maisons de tolérance, «brasseries-bordels» et autre faits divers sanglants ne sont pas oubliés. Pas plus que les journaux – l’un s’appelait Le Hanneton, Journal des Toqués – ou les ateliers d’artistes. Le tout est croqué avec humour, voir causticité. (Omnibus)

 

BalzacHugoBalzac et Hugo journalistes

Après Baudelaire, Gauthier et Zola, la collection de poche de Flammarion poursuit, avec Balzac et Hugo, sa réédition d’articles et chroniques signés par des écrivains ou poètes de premier plan, rappelant que les passerelles entre le journalisme et le monde des lettres étaient très fréquentes au XIXe siècle. L’auteur de la Comédie humaine, qui n’a pas toujours été épargné par les critiques, affirmait que «si la presse n’existait pas, il ne faudrait pas l’inventer». Il fut pourtant, sous la Monarchie de Juillet, un journaliste «compulsif», écrivant dans des petits journaux ou des revues, fondant même La Revue parisienne dont il fut quasiment le seul rédacteur en 1840. A plusieurs reprises, il a par exemple pris la défense des artistes prônant un respect scrupuleux de leur pensée et de leurs œuvres. Victor Hugo incarne à lui seul le XIXe siècle tant on le vit sur tous ses fronts. Tel celui de la presse dont il n’a cessé de défendre la liberté, notamment devant l’Assemblée nationale en septembre 1848 où il s’élève contre un décret autorisant la suspension de journaux. Ce volume reprend aussi des critiques et chroniques publiées dans Le Conservateur littéraire, périodique qu’il a lancé avec d’autres jeunes écrivains en 1819, ainsi que des textes politiques. On peut ainsi lire son adresse aux «Citoyens des Etats-Unis d’Europe» écrite à Bruxelles en 1869. (GF)

 

SoupaultPhilippe Soupault, Charlot

Voici un bref livre unique en son genre. Passionné par le personnage créé par Charlie Chaplin il y a tout juste cent ans, l’écrivain proche des surréalistes publie en 1931 une «biographie» de Charlot qu’il remanie en 1957. Il y raconte non pas la vie du créateur mais de sa créature. Et s’il se le permet, précise-t-il, c’est parce que, selon lui, celui-là a «oublié» celle-ci. «Pour des millions d’êtres humains qui vont au cinéma, écrit-il dans sa dédicace, le personnage créé par Chaplin était devenu un ami. Il jouissait d’une popularité et d’une affection qu’aucune créature née de l’imagination humaine n’a connue.» Il suit pas à pas le petit homme à moustache, canne et chapeau en s’appuyant sur ses films, jusqu’aux Temps modernes, faisant naître chez le lecteur une foule d’mages ancrées dans son imaginaire. Jusqu’à, dans l’ultime chapitre assez noir, trouver une épitaphe à celui dont «la maladresse éclatante n’était qu’une suprême habilité»: «Ici repose celui qui fit rire le monde entier.» (L’Imaginaire)

DesCarsJean des Cars, Petit dictionnaire amoureux des trains

Se souvenant des émois ferroviaires de son enfance, l’auteur avoue être «un obsédé du train, un ferrovipathe qui n’a aucune intention de se soigner». Passionné et érudit, cet ouvrage aux innombrables entrées mêle avec saveur trains célèbres (le Train Bleu, l’Orient Express, La Flèche d’Or, la Malle des Indes, le Transsibérien), événements (les Armistices de 1918 et de 1940 signés dans la voiture stationnées près de Rethondes, tournées électorales aux Etats-Unis, la Guerre froide), art (La Bête humaine, Cendrars, Agatha Christie, Colette, Paul Delvaux, Hitchcock), personnalités (la princesse Bibesco, Lawrence d’Arabie, Lénine et son wagon plombé, Georges Nagelmackers, le fondateur des Wagons-lits, Mata-Hari) et bien d’autres choses encore qui ne manqueront pas de raviver chez le lecteur des émotions liées à ce moyen de transport. (Pocket)

 

SollersPhilippe Sollers, Petit dictionnaire amoureux de Venise

C’est une nuit de 1963 qu’en compagnie de la femme aimée, Dominique Rollin, Philippe Sollers découvre Venise qui, depuis, fait intimement partie de son être et de son œuvre. Déambulant dans ce dictionnaire amoureux, on y croise Proust, car «tous les chemins de sa vie et de La Recherche du Temps perdu mènent à Venise», Sartre et Simone de Beauvoir, qui, en 1933, y passent une nuit blanche durant laquelle le futur philosophe affirme avoir été suivi par une langouste, Vivant Denon qui noue une passion avec une vénitienne, ou Casanova, bien sûr, dont «le nom est synonyme de Venise». Les musiciens sont également au rendez-vous, Mozart, par le biais de Da Ponte, Vivaldi, «génie du lieu» ou Stravinsky, qui crée à la Fenice en 1951 son opéra Rake’s Progress. Sans oublier les peintres – Tintoret, Titien, Véronèse, Tiepolo, les Français Monet et Manet. Sollers accorde aussi une large place aux lieux et monuments, l’Accademia, qu’il connaît comme sa poche, les églises, qu’il fréquente assidûment, le Grand Canal ou La Fenice. Et la Giudecca, île face à laquelle il a élu domicile. (Pocket)

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