« Millenium », les raisons d'un succès
Stieg Larsson

Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette et La reine dans le palais des courants d'air : des titres inhabituels, intrigants, qui ont contribué au succès de la trilogie Millenium écrite par Stieg Larsson. Son traducteur français, Marc de Gouvenain, commente le succès de cette étonnante aventure éditoriale et littéraire, publiée pour le plus grand bonheur d'Actes Sud. Une adaptation au cinéma sort sur nos écrans au printemps.

 

 

 
Stieg Larsson photo © Éditions Acte Sud

Pour qui ne le saurait déjà, les héros de Millenium sont Mikael Blomkvist - surnommé « Super Blomkvist », en référence à un détective-enfant créé par la romancière Ingrid Lindgren -, rédacteur en chef et copropriétaire d'une petite revue d'investigation suédoise, « Millenium », et Lisbeth Salander. Asociale et rebelle, sorte de punkette d'1 mètre 50 qui a passé son adolescence dans un hôpital psychiatrique, cette « hacker » géniale évoque un autre personnage ancré dans l'imaginaire suédois, également imaginé par Ingrid Lindgren, Fifi Brindacier. Traduite en quinze langues, la trilogie a été vendue à plus de 9 millions d'exemplaires dans le monde. Dont près de 2,5 millions rien qu'en France où elle est éditée par Actes Sud entre juin 2006 et septembre 2007, dans une traduction de Marc de Gouvenain et Lena Grumbach. 

Son auteur, qui l'avait écrite «pour assurer ses vieux jours», n'en aura pourtant pas vu le succès. Né en 1954, journaliste et écrivain passionné de science-fiction, un temps reporter de guerre, Stieg Larsson a été membre du parti socialiste suédois jusqu'en 1987 et l'un des initiateurs de la Fondation Expo, observatoire des manifestations ordinaires du fascisme et éditrice d'une revue, « Expo », dont il fut le rédacteur en chef. Menacé de mort à plusieurs reprises, il succomba à une crise cardiaque en 2004, le manuscrit de son troisième tome tout juste remis à son éditeur. Sur fond de querelle d'héritage et de droits littéraires, la rumeur court que Larsson aurait eu le temps d'en écrire un quatrième... Le cinéma ne pouvait que s'intéresser à ce phénomène éditorial. C'est le réalisateur danois Niels Ardan Oplev qui a réalisé l'adaptation du premier tome, dont la sortie en salle est prévue chez nous au printemps.

En avril 2008, Jacques Drillon a violemment critiqué la traduction française de Millenium sur le site du « Nouvel Observateur », enflammant le web. Nous avons rencontré l'un de deux traducteurs, Marc de Gouvenain, qui est également responsable du domaine scandinave chez Actes Sud.

Millenium

Comment êtes-vous devenu traducteur du suédois ?

Marc de Gouvenain : En 1968, à la suite de plusieurs voyages en Suède, où je montais en stop et allais travailler (balayeur, ouvrier en usine etc..), j'ai commencé à traduire des poèmes avec l'aide d'un traducteur renommé, Carl Gustav Bjurström. La machine était lancée: la traduction d'un roman, de deux, de trois, un rôle de lecteur/conseiller pour diverses maisons d'édition, puis la rencontre en 1984 avec Actes Sud et la responsabilité d'un domaine scandinave.

Comment avec-vous découvert Millenium ?

Quarante ans d'intérêt pour les littératures scandinaves, de contacts, d'amitiés, de relations professionnelles... cela signifie que, au fil des ans, des auteurs, des responsables des droits étrangers, des éditeurs scandinaves m'ont tenu au courant, conseillé, informé, souvent avant même que l'écriture d'un livre soit terminée. J'ai lu Millenium un mois après le décès de Stieg Larsson Et j'ai été captivé.

Pourquoi avoir créé la collection Actes Noirs pour l'accueillir ?

La volonté de démarrer chez Actes Sud une collection polar/thriller/noir existait depuis longtemps. La collection « Babel Noir » avait été relancée deux ans plus tôt mais ne publiait que des auteurs français. Millenium a été l'occasion de se décider, mais d'autres titres excellents étaient déjà prêts (Derniers verres de Andrew McGahan, Les cris de l'innocente de Unity Dow, etc.)

 

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