Des enregistrements inédits

Ami de Voltaire, directeur de la musique de Marie-Antoinette, protégé de Napoléon, héros des salles de théâtre, de Paris à La Nouvelle Orléans, Grétry est le compositeur en vue d'une France à l'orée de la Révolution. Ce Liégeois adepte de Rousseau, qui emprunta plus à l'Italie − où il fit ses armes − qu'à la France − où il s'en servit − fut l'une des figures de proue de l'opéra-comique. Musique en Wallonie nous replonge, à travers des enregistrements inédits, dans deux grands succès de Grétry : La Caravane du Caire et Le jugement de Midas.

L'histoire du compositeur liégeois commence réellement quelques années plus tôt, à Rome, qu'il rejoint à pied en 1761, accompagné d'un contrebandier. Il y suivra l'enseignement du seul maître qu'il s'avouera jamais : Gian Battista Casali, maître de chapelle à Saint-Jean de Latran. La rencontre avec la musique italienne marquera à jamais Grétry. Il quitte cependant la ville en 1766. Sur le chemin du retour, il fait une halte à Genève où Voltaire le reçoit et l'encourage à rejoindre Paris. Il s'y installera l'année suivante.

Paris est alors en pleine effervescence artistique ; une effervescence stimulée par les idées des Lumières qui côtoient les structures politiques et sociales de l'Ancien Régime. C'est dans ce climat antagoniste mais fécond que Grétry composera une cinquantaine d'opéras dont plus de quarante opéras-comiques (drame lyrique où les scènes chantées alternent avec des scènes parlées), genre dont il reste le maître incontesté.

Bien ancrée dans son siècle, l'œuvre de Grétry fut guidée par une recherche de simplicité et de naturel inspirée de la philosophie de Rousseau. Les thèmes de Grétry font aussi la part belle aux idées rousseauistes : péripéties émouvantes ou tragiques dans une société humble et vertueuse. Grétry se fit également représentant du goût de l'époque pour l'exotisme, l'Orient lointain et merveilleux, comme dans La Caravane du Caire.

La Caravane du Caire

Gretry

La Caravane du Caire est un opéra-ballet, à savoir un divertissement où une place importante est laissée aux intermèdes dansés. Sa première représentation eut lieu à Fontainebleau devant « leurs Majestés » le 30 octobre 1783.

Grétry chercha à travers cette œuvre à formuler une nouvelle expression lyrique, recourant aux procédés compositionnels les plus divers. Le livret, qui présente une riche palette de tableaux, n'est d'ailleurs au final qu'un prétexte à la diversité musicale, voire au divertissement, caractéristiques de l'opéra-ballet. En témoignent les nombreuses scènes de danses et les chants d'esclaves. Ainsi, dans l'Acte II, la parole est laissée aux esclaves français, allemands, ou encore, inévitablement, italiens (CD2, plages 3 à 7).

Air - Une esclave française s'accompagnant à la harpe  



 Air italien - Une esclave italienne


 Pas de deux - Un Génois et une Génoise



 Choeur et esclave allemande


Cette œuvre apporta sans conteste un souffle nouveau à l'opéra. L'effort de Grétry et de son librettiste, Étienne Morel de Chédeville - dont la vague signature du livret laissa penser à certains que le véritable auteur n'était autre que son patron, le comte de Provence, futur Louis XVIII -, est d'ailleurs vite récompensé : dès la première, La Caravane connut un succès phénoménal.

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