Devenue presque invisible aux yeux des Liégeois, la statue d'André-Ernest-Modeste Grétry, située devant l'Opéra, veille sur la ville et ses concitoyens depuis le milieu du XIXe siècle. Et, si la dépouille du compositeur repose au cimetière du Père-Lachaise à Paris, son cœur lui est bien présent au centre de sa ville natale puisqu'il est scellé dans le piédestal de la statue de bronze.
Cependant, le cœur est loin d'être l'ultime relique de Grétry en Cité Ardente puisque sa maison natale, située rue des Récollets en Outremeuse, regorge d'objets personnels et d'instruments de musique d'époque.
C'est en effet dans ce petit immeuble typiquement liégeois, agrémenté d'une annexe, que Grétry vit le jour. La maison fut ensuite la propriété d'une célèbre famille liégeoise, les Dubois-Desoer, jusqu'en 1859, date à laquelle la famille jugea bon d'offrir la maison à la Ville de Liège pour qu'elle devienne un lieu de promotion de la musique et que l'on y retrouve toute la collection d'objets ayant appartenu au compositeur. C'est l'architecte C. Bourgault qui fut choisi pour conduire les travaux de restauration de la maison afin qu'elle retrouve son aspect de 1824. Le 13 juillet 1913, le musée Grétry fut inauguré en présence du Roi Albert et de la Reine Elisabeth et c'est la famille Radoux - dont Jean-Théodore Radoux (Directeur du Conservatoire de Musique de Liège), initiateur de la collection Grétry - qui continua pendant de nombreuses années à s'occuper du musée avec un dévouement et un amour passionnés.
Par la suite, les activités de la Maison Grétry ralentirent considérablement au point qu'entre 1985 et 1991, le musée fut fermé au public et ce n'est qu'en 1992 que la Ville de Liège confia la gestion et l'animation du Musée Grétry à l'A.S.B.L. "Les Rendez-vous musicaux liégeois", présidée par le pianiste Patrick DHeur.
Depuis lors, l'ASBL n'a de cesse de promouvoir les collections et c'est ainsi qu'à l'automne dernier, le piano de Grétry, instrument datant de 1768, a quitté le musée pour les ateliers de rénovation dans lesquels il va passer presque une année. En effet, les « gardiens du musée » ont introduit une demande de subsides à la Fondation Roi Baudouin afin d'obtenir les 12500 € qu'allait coûter la rénovation du piano carré Zumpe-Buntebart. Il faut dire que ce piano n'est pas un instrument comme les autres puisqu'il a non seulement appartenu à Grétry mais aussi au philosophe Jean-Jacques Rousseau.
« En 1797, Grétry s'installe à l'Ermitage, à Montmorency, une propriété où Jean-Jacques Rousseau avait habité, et hérite de son piano qui devient l'instrument de travail du compositeur » nous confie Patrick Dheur, concertiste liégeois et président de l'ASBL.
Ainsi, en attendant le retour du piano prodige qui sera sans conteste la pièce maîtresse du musée à l'automne prochain lors de divers concerts et conférences, la maison de Grétry offre toujours au public ses collections : son mobilier d'époque, sa bibliothèque d'ouvrages et de partitions, ainsi qu'une série d'effets personnels du compositeur notamment une canne dont le pommeau en ivoire sculpté représenterait Grétry, Mozart et Haydn et qui aurait appartenu à Rossini lui-même.
Visite du Musée Grétry en vidéo - Avec l'aimable autorisation de Télétourisme
V.D.
Mars 2009